mardi 25 novembre 2008

Universités d’Etat : Vacations, bourses, commerce…

Comment les enseignants se débrouillent pour joindre les deux bouts.

Pierre Meukam est clair. Si aujourd’hui il roule en Mercedes, ce n’est pas grâce à son salaire d’enseignant. Pour ce maître des conférences, enseignant à l’École nationale supérieure polytechnique de Yaoundé, le salaire des enseignants d’universités au Cameroun est insuffisant.
« Si je me contentais de mon salaire, je n’aurais jamais acheté ma voiture. Même comme j’ai le grade le plus élevé dans l’enseignement. C’est après avoir obtenu une bourse de recherche en Italie que j’ai acheté mon véhicule», affirme l’enseignant. En effet, en 2000, il a bénéficié d’un projet de l’International centre of theoritical physics (Ictp) financé par l’Unesco et l’Etat italien. « C’était un projet de recherche de 270 jours qui s’étalait sur six ans. Chaque séjour en Italie durait 90 jours. Le bénéficiaire était logé, nourri et avait une bourse de recherche », explique-t-il. Aujourd’hui, pour joindre les deux bouts, Pierre Meukam gère un projet de l’Agence universitaire de la francophonie.

Comme Pierre Meukam, ils sont nombreux, ces enseignants qui arrondissent les fins du mois par les bourses et projets de recherche financés par les organismes internationaux et la coopération internationale.

Une autre méthode pour joindre les deux bouts, c’est l’intégration dans l’administration camerounaise. Ils sont également nombreux, les enseignants qui, parallèlement à leurs tâches à l’université, sont en service dans des départements ministériels. D’après les enseignants, c’est la méthode la plus souhaitée et la plus recherchée par les enseignants. Conséquence, l’enseignement en prend un coup. « Le taux de diversion des enseignants est assez élevé. Il y a des professeurs d’université qui bataillent simplement pour être nommé chef de service dans un département ministériel où les autres chefs de service sont titulaires d’un baccalauréat. Simplement parce qu’ils veulent joindre les deux bouts, parce qu’ils veulent aller en mission et bénéficier des frais y afférant. Et c’est l’enseignement qui prend de l’eau », indique Moïse Moupou, enseignant au département de géographie de l’Université de Yaoundé I.

A côté de cela, il faut ajouter les heures supplémentaires, les vacations dans les universités privées, les consultations à titre d’expert et même les activités commerciales. « J’ai des collègues qui sont propriétaires de mini cités ou encore promoteur d’Ong », indique Pierre Meukam.

Écrit par Beaugas-Orain Djoyum

http://www.lejourquotidien.info/index.php?option=com_content&task=view&id=1611&Itemid=56

Aucun commentaire: