lundi 19 janvier 2009

Hugues Pedjida : Le promoteur du "zéro échec"

Gagnant du meilleur site Internet lors d'un concours organisé par l'université d'Angers au Cameroun, cet étudiant veut promouvoir l'excellence des jeunes.

Il était loin de se douter qu'il remporterait le concours du meilleur site Web le 4 décembre dernier. Concours lancé dans le cadre de l'université d'été de Yaoundé organisé par l'université d'Angers en partenariat avec le Cameroun, et dont l'objectif était la création d'un pôle d'excellence en Technologies de l'information et de la communication et en technologies innovantes en Afrique afin de "fédérer les connaissances et développer les compétences technologiques". Et pourtant ! Quelle ne fut donc sa surprise le lendemain de la proclamation des résultats, lorsqu'il appris de ses camarades de l'Institut africain d'informatique (Iai) que son site Internet www.zeroechec.com avait été plébiscité par le jury.

"Je doutais que mon projet puisse être validé car je me disais qu'il y avait d'autres projets plus intéressants que le mien. Pour moi, je remplissais juste les formalités. Raison pour laquelle je n'ai pas assisté à la remise des prix", affirme Hugues Pedjida. Loin de s'arroger le mérite de cette récompense, même s'il peut se féliciter d'avoir damer le pion à d'autres étudiants, Hugues Pedjida ne peut s'empêcher de dédier ce prix à ses amis avec lesquels il est parvenu à mettre ce projet en place, surtout que "chacun a apporté du sien en fonction de son domaine de compétence" ; ni à "nos partenaires aux Etats-Unis qui nous ont aidés pour l'hébergement", ajoute-t-il.

A 32 ans, cet étudiant en troisième année informatique de gestion, se définit comme "un jeune ambitieux qui aimerait partager son savoir-faire avec les autres, d'où la mise sur pied de ce site", assure-t-il. Objectif : permettre aux étudiants camerounais de "libérer leurs potentiels" en leur donnant les éléments leur permettant de faire d'eux des chefs d'entreprises demain. Une manière utile de vaincre le chômage auquel sont confrontés les jeunes aujourd'hui avec la crise de l'emploi, laisse-t-il entendre. "Nous mettons en ligne des exercices, des informations sur l'accès à certaines universités, des tests de quotient émotionnel pour aider les jeunes à améliorer l'image qu'ils ont d'eux-mêmes etc.", explique -t-il en terme de contenu.

Pour atteindre ces objectifs toutefois, "nous pensons améliorer le site. Pour le moment, le site s'adresse uniquement aux étudiants camerounais. En fonction des résultats obtenus, nous comptons l'étendre à d'autres étudiants de la sous-région et du continent", révèle-t-il, soulignant que bien que le site soit fonctionnel depuis 2007, des aménagements y sont apportés quotidiennement pour le rendre plus visible. "Cette distinction de l'université d'été valorise notre travail et nous ouvre d'autres voies", avance-t-il. De quoi le mettre plus en confiance et le conforter dans la voie qu'il a choisie.

Patricia Ngo Ngouem

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1232328017.php

Patrice Mbianda : Le réconfort après l'effort

Il a enfin changé de grade après deux tentatives infructueuses

C'est avec soulagement que Patrice Mbianda a accueilli les résultats de la session de décembre 2008 du Comité consultatif des institutions universitaires (Cciu). Des résultats publiés à l'avant-veille de la fête de noël par un arrêté du ministre de l'Enseignement supérieur et qui indiquaient que Patrice Mbianda, bien connu des étudiants des universités de Yaoundé II, Douala et autres instituts d'enseignement supérieur privés du Cameroun où il dispense des enseignements dans le domaine de la publicité et des relations publiques, avait changé de grade et était désormais maître de conférences.
Le nouveau professeur a donc passé les fêtes de fin d'année dans la joie d'avoir enfin pu vaincre ce sort qui semblait s'acharner indéfiniment sur lui. Car s'il a été favorablement reçu à cette récente session du Cciu, il n'oublie pas les deux autres tentatives infructueuses qui auraient pu le dissuader de présenter à nouveau sa candidature. Mais il n'en a rien été dans la mesure où la troisième fois s'est avérée la bonne. Et surtout parce que Patrice Mbianda n'est pas homme à baisser les bras aussi facilement.

Après voir obtenu en effet une Habilitation à diriger les recherches (Hdr) sur la pratique de la communication d'entreprise au Cameroun en 2006 en France, il était revenu au bercail avec la ferme intention d'avancer en grade, estimant que c'était la prochaine étape d'un parcours universitaire auquel il attache visiblement beaucoup d'importance. "J'ai alors déposé mon dossier au département de publicité à l'Esstic où j'enseigne et qui devait dresser par la suite un rapport pédagogique." Le dit rapport fut dressé mais avec avis défavorable.
S'il accusa le coup dans un premier temps, il se remit assez rapidement et tenta une deuxième tentative l'année d'après. Sauf qu'à l'époque, il lui manquait un élément déterminant dans le dossier. "Je ne remplissais pas le nombre de mémoires de Dea ou de Masters dirigés requis à savoir six. Une situation due à ce qu'à l'époque je n'avais pas la possibilité de dispenser des cours à l'unité de formation doctorale de mon établissement puisque je n'étais pas encore professeur titulaire".

Soucieux de monter en grade malgré tout, il aura l'idée d'aller voir du côté de l'université de Douala. Où il parvint à obtenir des enseignements dans les classes de Masters en communication. "Je devais donc multiplier les voyages de la capitale économique avec les risques qu'on peut imaginer. Mais au final, je ne regrette pas puisque cette expérience m'a permis non seulement d'encadrer des étudiants, mais aussi de compléter mon dossier et d'obtenir mon grade". En le disant, il donne à voir un visage où transparaît le bonheur d'avoir atteint un objectif louable. Surtout qu'il ajoute que "parmi les étudiants que j'ai encadré, il y en a un (Alexandre Djimeli, notre confrère du Messager Ndlr) qui est devenu le major de sa promotion. Je suis fier de ce qu'il a accompli, car son travail est en tous points remarquable".
S'agissant du Cciu, le nouveau professeur pense qu'il "est objectif. Les dossiers y sont traités avec minutie et sérieux comme on peut le voir avec mon cas". Un comité au sein duquel il a ses habitudes, lui qui siège dans l'une de ses sept commissions. Mais de cela, il ne veut pas beaucoup en parler maintenant. Préférant savourer cet avancement qui lui a donné tant de mal.

P.T.

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1232328649.php

Changement de grade : Un processus lisible

L'exécutif et l'autorité académique ont déterminé avec précision le parcours de tout candidat au grade supérieur.

Au Cameroun, le circuit d'avancement des grades des enseignants est des plus claires. Il repose en effet sur une batterie de textes législatifs et réglementaires qui indiquent bien la procédure à suivre pour passer d'un grade à un autre. Même si le temps de passage est souvent long au goût des postulants qui pourtant ne rechignent pas à revenir à la charge lorsqu'ils estiment n'avoir pas eu satisfaction à la première tentative.
Le premier texte est un "arrêté du président de la République" signé en octobre 1994, c'est-à-dire au lendemain de la réforme universitaire qui avait vu la naissance de plusieurs universités d'Etat au Cameroun. Un texte qui porte sur l'organisation et le fonctionnement du Comité consultatif des institutions interuniversitaires (Cciu). Selon cet arrêté, ce comité composé de sept commissions "statue tant en ce qui concerne le recrutement des enseignants que de leur promotion, sur la base de critères clairs, précis et réalistes arrêtés par un acte du ministre chargé de l'enseignement supérieur". En clair, il donne son avis sur les questions relevant du "recrutement et de la promotion des personnels du corps de l'enseignement supérieur" au cours des ses deux sessions annuelles de mai et de novembre.

Mais avant d'en arriver à ce Cciu qui est l'étape ultime, "l'enseignant qui souhaite avancer en grade doit confectionner un dossier en bonne et due forme qu'il déposera dans le département auquel il appartient", explique Pierre-Paul Tchindji, maître de conférences (Mc) à l'Université de Yaoundé II. Un dossier qui doit prendre en compte aussi bien les qualifications que les expériences requises. Ainsi pour un assistant, deux cas de figure existent selon M. Tchindji : "il y a d'abord l'assistant qui n'est pas encore titulaire d'un doctorat. Pour espérer passer chargé de cours (Cc), il lui faut en plus d'un doctorat la présentation d'un article ayant fait l'objet d'une publication dans un journal scientifique à comité de lecture. Si le candidat dispose déjà d'un doctorat, et c'est là le deuxième cas, il ne doit que présenter l'article scientifique sus-évoqué."

Critères
Ce passage ne peut intervenir qu'au bout d'un an d'ancienneté pour un jeune docteur et de cinq ans pour un doctorant. Ce qui n'est pas le cas pour ce qui est du prochain grade. Pour passer de Cc à Mc, il faut un minimum de six ans selon Pr. Tchindji. "En plus de cela, le candidat doit présenter six articles scientifiques plus un encadrement de six étudiants de niveau Bac+5, soit un mémoire de Dea ou de Masters. Pour ce qui est des docteurs de nouveau régime français, il faut en plus une Habilitation à diriger les recherches (Hdr), sauf s'il dispose d'un Ph.D camerounais." A l'étape suivante, quatre années d'ancienneté sont nécessaires pour tout candidat au grade de professeur des universités. Une ancienneté à laquelle il faudra ajouter "quatre articles scientifiques et la preuve de l'encadrement d'au moins six mémoires de Dea et deux de thèse de Ph.D"

Une fois ces ingrédients rassemblés, le candidat dépose donc son dossier auprès de son chef de département qui doit "établir un rapport pédagogique avec un avis favorable ou non. Ensuite, le dossier va au conseil d'établissement après que le chef d'établissement ait dressé un rapport administratif". Le conseil à son tour l'étudie et le transmet au rectorat qui va l'envoyer plus tard et suivant un échéancier précis au secrétariat permanent du Cciu logé au ministère de l'Enseignement supérieur. A ce niveau, il convient de signaler cette disposition de l'arrêté du Minesup du 29 octobre 2001 qui dit en son article 4 que "les travaux de recherche de tout candidat à un changement de grade font l'objet de trois rapports scientifiques rédigés individuellement par trois enseignants de la spécialité ou de la discipline du candidat".

Le même texte précise plus loin que "Les travaux scientifiques de tout candidat à la promotion au grade de Maître de Conférences ou de Professeur, sont présentés et soutenus par l'intéressé devant une Commission Scientifique d'Evaluation (CSE) désignée à cet effet", à l'exclusion des titulaires d'une agrégation. Cette Cse saisie par le secrétariat permanent du Cciu doit alors statuer entre autres sur "la qualité et la cohérence de l'ensemble des travaux scientifiques (… et sur) la qualité des projets de recherche présentés par le candidat". Après quoi il établira "un rapport motivé" qu'il retournera à l'envoyeur qui l'insèrera dans le dossier du candidat avant de le déposer sur la table du Cciu.
Malgré cette précision, il arrive pourtant que "des candidats soient recalés pour n'avoir pas respecté les critères en vigueur comme le nombre de travaux dirigés ou ceux liés à l'âge des postulants." Ce que confirment des agents d'une cellule du Département du développement de l'enseignement supérieur où sont reçues les candidatures.

Parfait Tabapsi

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1232328737.php