mardi 11 novembre 2008

Universités d'Etat : Grève à deux vitesses à Yaoundé I et Douala

Le mouvement lancé par le Syndicat national des enseignants du supérieur a été partiellement respecté hier.
Monique Ngo Mayag et Patricia Ngo Ngouem "Il y a comme un air de grève dans l'air". Cette phrase a été prononcée hier lundi 10 novembre par un étudiant de l'université de Yaoundé I. Ce dernier, apparemment pas au courant du mot d'ordre de grève lancé le 3 novembre dernier par le Syndicat national des enseignants du supérieur (Synes), manifestait ainsi son incompréhension devant l'absence des enseignants. Avant de marquer son étonnement lorsqu'un de ses camarades de troisième année informatique lui apprend la nouvelle qui courait pourtant dans les milieux universitaires depuis le 31 octobre dernier. "Nous avions trois cours prévus ce jour [hier lundi] Malheureusement, aucun enseignant ne s'est présenté", affirme Jean Nganombel. Même son de cloche en troisième année physiques et en première année psychologie.

De même qu'à l'amphithéâtre 500 et 501 où les cours de Géographie et de Mathématiques initialement programmés dans la matinée n'ont pas eu lieu. Une situation qui ne semblait pas s'être améliorée dans l'après-midi, malgré le passage dans la matinée du ministre de l'Enseignement supérieur Jacques Fame Ndongo, venu s'enquérir de la situation après l'échec des négociations avec le Synes au sortir de la réunion de mercredi dernier. Bien que présent sur le campus, Guy Mbakop, enseignant de Mathématiques n'a pas mis les pieds dans une salle de cours. M. Mambou n'a pas non plus dispensé son traditionnel cours d'histoire. Il semble d'ailleurs irrité lorsqu'il répond à une de ses étudiantes venue s'enquérir des raisons de son absence : "Je vous ai avisé qu'on ne se verra pas durant toute cette semaine et peut-être au-delà".

Impacts
Comme lui, plusieurs enseignants des deux universités se sont pliés aux prescriptions du Bureau exécutif national (Ben) du Synes invitant les enseignants des universités d'Etat, à observer scrupuleusement le programme d'action qui prévoit "une grève d'avertissement du lundi 10 au samedi 15 novembre 2008". Cette missive, signée du secrétaire général Innocent Futcha, serait l'aboutissement "des démarches entreprises depuis 1999 pour sensibiliser le gouvernement sur la grave détérioration des conditions de vie et de travail des enseignants d'universités". Le mot d'ordre du Synes est par ailleurs affiché sur les murs de tous les départements de l'université de Douala (Ud). "L'enseignant est clochardisé. L'assistant de cours au Sénégal, par exemple, a le triple du salaire d'un chargé de cours au Cameroun. Pourtant, les deux pays ont presque le même niveau de développement", soutient M. Taguem, enseignant d'histoire à l'université de Ngaoundéré, de passage dans la capitale économique. Même si un regain de solidarité s'exprime au sein du corps éducatif, on constate cependant des disparités.

Dans certaines salles et amphis, les cours se sont déroulés normalement. "Nous avons eu tous nos cours depuis le matin", affirme Francis Jah, étudiant en première année Lettres modernes bilingues à Yaoundé I. "Le vice recteur Nicole Claire Ndoko et Dr Akono ont tous les deux dispensés leur cour respectif ce matin", témoigne un étudiant de droit à Douala. Idem à la faculté de Médecine, qui semble ne pas être concernée par l'arrêt de cours. "Tout est normal ici. C'est vous qui nous informez qu'il y a une grève en cours", confie un étudiant. Au Synes cependant, on se dit satisfait de cette première journée.

"Il est évident que la grève ne peut pas être suivie à 100%", déclare le Pr Ngameni, secrétaire national à l'organisation au Synes et par ailleurs chef de département de chimie inorganique à Yaoundé I, comme pour relativiser cette double tendance. Si le doyen de la faculté des Lettres et sciences humaines de Douala n'a pas rallié les rangs des protestataires, il reconnaît cependant que les préoccupations du Synes émanent des problèmes réels. "Mais les négociations entre les délégués des enseignants et le ministère des Finances sont en cours. La situation promet de se décanter..", soutient Nicodème Bikoï. La solution viendrait-elle de la réunion entre le Minesup et les recteurs des universités prévue ce mardi 11 novembre à l'Ecole normale supérieure de Yaoundé.

Monique Ngo Mayag et Patricia Ngo Ngouem

http://www.quotidienmutations.info/mutations/nov08/1226386534.php

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