mardi 11 novembre 2008

Grève dans les universités : Fame Ndongo : fragilisé

Campus mort à Buea et à Dschang; grève partiellement suivie à Yaoundé et Douala. Malgré des concertations ça et là avec les enseignants pour désamorcer le mouvement.
Université de Yaoundé II hier ce 10 novembre 2008. Il est 14h. L’entrée de l’institution et la cour grouillent de monde, mais il règne un calme plat sur le campus. Un véhicule arrive à vive allure et gare. De nombreux étudiants accourent vers une salle de classe.

“On a un cours sur la finance, et on n’entre pas après l’enseignant”,

lance un étudiant de la faculté des sciences juridiques et politiques (Fsjp). Selon un autre, de la faculté des sciences économiques et de gestion (Fseg), “nous avons fait deux cours depuis ce matin ; on attend le dernier cours dans quelques instants. Et depuis le matin, on n’a pas l’impression qu’il y a grève”. Le mot d’ordre de grève annoncé par le Syndicats national des enseignants du supérieur (Synes) qui devrait prendre effet dès ce jour n’a pas été respecté ici.

A Yaoundé I, le décor était légèrement différent à la mi-journée. Par petits groupes, les étudiants sont éparpillés dans la cour, sous les arbres et dans des salles de classe. Certes, il y a peu d’enseignants dans les salles de cours, mais la situation n’est pas toujours à mettre à l’actif des syndicalistes. Ici, il y a confusion entre le retard accusé dans le lancement de la nouvelle année académique et le respect de l’appel à la grève du Synes “depuis le matin, je n’ai pas l’impression qu’il n’y a pas grève”, témoigne un étudiant de première année, Lettres bilingues. C’est une situation presque générale dans les deux facultés que compte la mère des universités. Mais les étudiants de deuxième année espagnol attendent depuis 12h, d’assister à leur premier cours de l’année, et “jusqu’à présent (13h), l’enseignant n’est pas encore arrivé ; on ne sait pas s’il est en grève”, avoue Eric. Cas similaire en deuxième année science de la terre (St). Dans l’ensemble, c’est la faculté des lettres qui semble avoir mieux boycotté le mot d’ordre de grève.

Certes, les enseignants sont unanimes que les revendications sont fondées, mais la méthode et l’opportunité ne sont partagées. Selon Mathias Eric Owona Nguini, enseignant à l’université de Yaoundé II, “les revendications vont au-delà des salaires et il y a des problèmes plus importants”. Pour un de ses collègues de la Fseg, “la meilleure grève pour un enseignant c’est de bien faire son travail. Et puis, il faut que l’enseignant présente d’abord son bilan ; qu’on évalue le travail fait par chacun d’entre nous ; on verra qu’il n’y a aucune différence entre la période où on fait cours et celle de grève”. Pour cet économiste “70% des jeunes formés dans nos universités chôment parce qu’ils sont mal formés”.

Un autre enseignant de l’université de Yaoundé I pense que “le Synes ne peut pas intimer à des enseignants qui ne sont pas ses membres d’arrêter les cours ; et puis, la seule université de Yaoundé I compte quatre syndicats qui luttent pour la même cause. Qui va-t-on suivre ?”. Cet avocat des étudiants rappelle qu’“il y a les parents qui se saignent pour envoyer leurs enfants à l’école. Pourquoi doit-on sacrifier ces enfants ?”.

En cette mi-journée, dans une salle de la faculté des sciences qui leur sert de base, une quinzaine de membres du Synes sont réunis et évoquent la situation. Bientôt, arrive Innocent Futcha. Le secrétaire général du mouvement fait le point de la situation sur le terrain. En résumé, “Buéa a répondu à 100%, trois ou quatre cours ont été faits à Ngaoundéré, 99,99% des enseignants ont suivi le mouvement à Dschang, et les étudiants sont en train de déserter le campus”. Et que “une trentaine d’enseignants ont répondu à Douala, parce qu’ils n’étaient pas informés”.

Le ministre de l’Enseignement supérieur était ici en matinée pour s’enquérir de la situation. “Il a constaté que les cours se déroulent normalement”, affirme un responsable de la Falsh. Alors qu’au Synes, on croit que Jacques Fame Ndongo est venu “intimider les enseignants”. On apprend également que le Minesup a appelé personnellement les responsables des universités pour donner la conduite à suivre.

Écrit par Lindovi Ndjio (Stagiaire)

http://www.lanouvelleexpression.info

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