lundi 17 novembre 2008

Douala : Une mini-cité universitaire en fumée

Une installation anarchique du système d'électricité serait à l'origine de l'incendie déclenché dans la nuit de samedi dernier.
A partir du carrefour de l'Essec au lieu dit "Ange Raphaël", on aperçoit une longue colonne de feu et de fumée, qui perce la nuit noire dans le quartier Cité Sic. Située à quelque 500 mètres en face de l'entrée principale de l'Université de Douala, la mini-cité sans nom mais baptisée "Arnaque City" par les étudiants locataires s'est transformée en un grand braisier. "J'étais couchée dans ma chambre située au premier étage lorsqu'autour de 21h, une de mes voisine a hurlé mon nom et ceux des autres locataires, nous demandant de sortir de toute urgence de la cité à cause de l'incendie qui vient de se déclencher. J'ai vu la fumée qui se dégageait de la télévision. Je n'ai même pas eu le temps de ramasser mes diplômes et ceux de mes deux sœurs qui sont restés dans le feu. Mon Dieu, qu'allons-nous devenir ?", s'interroge assise à même le sol Carine Wache, étudiante en troisième année de Droit, inconsolable. Pendant ce temps, la longue colonne de feu continue de dévorer allègrement le premier étage. Debouts, plusieurs centaines de riverains et de badauds attirés par les cris de détresse et le feu assistent impuissants à l'avancée des flammes.

Sur l'origine de cet incendie, tous les locataires sont unanimes. Tout serait parti d'un court circuit dans l'installation électrique au premier étage. "C'est une système électrique archaïque et anarchique qui a pris feu avant de se répercuter au compteur. Avec l'aide du vent, le feu s'est propagé très rapidement dans la dizaine des chambres du premier étage", explique un locataire, visiblement hors de lui. C'est sur ces explications, appelé par un locataire, qu'arrivent une dizaine des sapeurs pompiers avec un camion citerne de la 201ème compagnie de Douala, près de 20 mn après le déclenchement de l'incendie. Très rapidement, ils vont déployer leur matériel pour lutter contre le feu.

Subitement, on entend une grande frayeur s'élever de la foule. Un locataire resté dans sa chambre au premier niveau de l'immeuble ouvre la fenêtre de sa chambre pour aider les sapeurs pompiers à poser une longue échelle et grimper dans les chambres : "J'étais resté pour lutter contre le feu. Lorsque la première étincelle s'est déclenchée, j'ai pris mon tournevis testeur pour aller déconnecter le courant à la source. Mais le feu s'était déjà propagé dans la chambre d'un voisin. J'ai cassé trois ou quatre portes des voisins pour fermer les bouteilles de gaz et les mettre hors de portée des flammes. J'ai ensuite ramassé mes diplômes pour les mettre en sécurité chez un voisin en bas. Ce genre de flammes ne m'effraie pas car j'y suis déjà habitué à mon lieu de travail", témoigne calmement, Abis Djague, ancien étudiant devenu employé à Trans Ocean, une entreprise américaine spécialisée dans les plates formes pétrolières aux larges des côtes camerounaises.

Vingt minutes après l'arrivée des sapeurs pompiers, les flammes seront complètement domptées. Au final, aucun dégât humain n'est enregistré. Mais la quasi-totalité des chambres du premier étage sont entièrement calcinées. Vers 22h 30, les locataires vont remonter pour constater les dégâts. Ce qui va déclencher un concert de cris d'horreur. Tous déplorent la perte de leurs diplômes et d'effets personnels. " Tout ceci est arrivé à cause de la cupidité de notre bailleur. Il nous oblige à payer 12 mois de loyer et il fait appel à des bricoleurs pour installer l'électricité", éructe une victime. Thomas Matouke, le bailleur de la mini-cité arrivé entre temps, confessera aux sapeurs pompiers que sa cité n'est pas assurée.

Eric Roland Kongou

http://www.quotidienmutations.info/mutations/nov08/1226937818.php

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