Les enseignants accumulent de nombreuses frustrations dues à des conditions de vie et de travail sans cesse médiocres.
En juillet 1984, le bulletin de solde d’un chargé de cours à l’université de Yaoundé I, classé à l’échelon 2 indice 785, marquait comme net à percevoir 461.664 Fcfa. En mai 1995, au lendemain de la sévère réduction des salaires intervenue en 1994, le même enseignant, étant passé au 6ème échelon, indice 1051, percevait 195.736 Fcfa.
A cet enseignant, il a fallu traverser toutes les catégories et atteindre le grade le plus élevé (professeur titulaire, indice 1400) pour percevoir, à la veille de sa mise à la retraite, la somme de 540.000 Fcfa.
Un chargé de cours, plus jeune, classé à l’échelon 3 indice 870, a présenté son bulletin de solde pour le mois d’août 2008. Le net à percevoir, qui y est inscrit, s’élève à 333.471 Fcfa, comme pour dire que la revalorisation des salaires intervenue en avril 2008 n’a pas tellement amélioré les choses.
Afin de donner la mesure de cette situation dramatique, les enseignants à l’origine de la grève récente avaient vite fait de procéder aux comparaisons : « Un assistant en début de carrière gagne 600.000 Fcfa au Sénégal. Ici, l’enseignant le plus ancien au grade le plus élevé ne gagne même pas cette somme», avait commenté Innocent Futcha.
La condition des enseignants d’université n’arrête pas de se dégrader. Au-delà de la baisse des salaires, il y le prestige du corps qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Hubert Mono Ndjana dit avoir dirigé 5 chercheurs aujourd’hui titulaires de doctorat et un nombre incalculable d’étudiants titulaires de diplômes d’études approfondies et tout cela dans des conditions ubuesques : « Je n’ai pas de bureau, je reçois des étudiants sur le capot de ma voiture. C’est très dégradant».
Comme l’explique l’enseignant de philosophie, l’incidence immédiate de la dévalorisation de l’enseignant d’université est l’auto - déconsidération de l’enseignant. Ce qui entraîne une souillure dans la relation avec l’étudiant : « L’enseignant sait que l’institution le méprise. A partir de ce moment-là, il se dit aussi que l’étudiant sait qu’il est méprisé, donc qu’il ne mérite que le mépris. Voilà pourquoi il développe des comportements d’indignité».
Écrit par Maurice Simo Djom
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mardi 25 novembre 2008
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