mardi 25 novembre 2008
Samuel-Jacques Priso Essawe : Si loin si proche
Vice-président d'une université française, ce Camerounais n'oublie pas son pays.
A le voir déambuler sur le campus de l'institut des relations internationales du Cameroun (Iric) les 4, 5 et 6 novembre derniers, on avait du mal à croire que ce Camerounais était vice-président de l'Université d'Avignon, une institution française. Surtout si l'on y ajoute que sa mise était à mille lieues de celle de ses collègues camerounais dont la flamboyance frisait souvent d'autres réalités. Pour de nombreux jeunes doctorants venus participer au colloque international sur le niveau pertinent d'intégration dont il était, avec Alain Didier Olinga les deux principales chevilles ouvrières, il leur avait donné l'impression de les ressembler, surtout dans sa rhétorique qui s'était voulu à l'occasion simple, saccadée et "terre à terre".
Sur le campus donc, ceux qui le découvraient ont trouvé qu'on pouvait rester longtemps à l'étranger et garder cette part de naturel qui sied aux Camerounais. Car cela fait maintenant plus de vingt ans que Samuel-Jacques Priso a quitté le campus de Ngoa-Ekellé où il venait d'obtenir une licence en droit pour se rendre à Montpellier. A cette époque-là, il a pour camarades Alain Didier Olinga, Marcellin Nguele Abada et quelques autres. "Je suis parti pour poursuivre mes études en France avec l'aide de mes parents", commente-t-il. De cette époque là, il dit simplement que "rétrospectivement, ce furent de très belles années. Une période d'euphorie difficile à oublier. C'était aussi le début de la grosse pression démographique de l'unique campus existant alors dans notre pays. Une pression qui avait d'ailleurs amené les dirigeants à construire les amphi 1.000."
Sur le plan académique, "la formation était de qualité avec les grands profs comme Bipoun Woum, Kontchou Kouomegni, François Mbome, etc." Ce qui lui permettra de s'insérer facilement à Montpellier où il ira jusqu'au doctorat en droit public sans grand souci. Au bout de cette aventure pourtant, et malgré son désir, il ne rentre pas au bercail. "J'ai souffert d'un manque d'opportunité. J'ai eu des offres de la fonction publique française, ce qui m'a permis de m'installer là bas en essayant toutes fois de garder le contact avec le Cameroun." Ce qui lui permettra de mettre au point, avec d'autres, ce projet de colloque international qui s'est achevé le 6 novembre dernier. Et pour marquer son attachement à sa terre natale, il rechigne depuis à la nationalité de son pays d'accueil, profitant d'une disposition de la loi qui ne l'y contraint guère.
L'œil ainsi rivé sur son pays, il jette un regard sans concession : "sur l'enseignement supérieur, je constate un changement important en termes de quantité et de qualité. Les universitaires sont de qualité. S'il y a certes des progrès, de nombreuses difficultés demeurent notamment au plan des infrastructures d'accueil". Et compte développer d'autres synergies dans le sens de ce colloque international. Une volonté d'apporter quelque chose qui puise sans doute sa racine dans le fait que grâce à ses parents fonctionnaires, il a été aux quatre coins du Cameroun.
Mais en attendant, il savoure l'instant. Après une expérience à l'Université de la Réunion (1999-2003), il s'est installé dans le Vaucluse au Sud de la France. Pour longtemps ? "Je ne sais pas, mais je suis heureux ici où il y a beaucoup à faire sur le plan administratif et de la recherche". Entre le vélo, les sonorités camerounaises et le jazz qui constituent ses loisirs, il trouve aussi du temps pour sa petite fille qui aura bientôt deux ans et qui fait son bonheur.
Parfait Tabapsi
http://www.quotidienmutations.info/mutations/nov08/1227539599.php
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