Le professeur Paul Gérard Pougoue dans une réflexion pertinente, a posé le problème du "passage au système Lmd" des universités camerounaises et de celles de l'espace Cemac. Ce passage, soutient-il, "contribuera à valoriser la professionnalisation" de l'enseignement supérieur au Cameroun et éventuellement dans l'espace Cemac. Dans la même contribution, le Pr. va plus loin en affirmant que "la professionnalisation est une exigence forte" ; autrement dit, celle-ci vise surtout à arrimer l'enseignement supérieur camerounais aux standards internationaux. Cela suppose outre des contenus didactiques universellement crédibles et compétitifs sur le marché de l'emploi, mais aussi la maîtrise par les apprenants d'au moins deux langues (anglais et français pour le cas d'espèce du Cameroun).
Seulement, la politique pédagogique actuelle du système Lmd ne prend en compte que la professionnalisation des postulants alors même que ces derniers sont appelés à évoluer dans un univers de globalisation où la maîtrise de plusieurs langues de travail constitue le plus souvent l'atout majeur recherché par les cabinets de recrutement. Dès lors notre thème nous oblige à orienter la réflexion en répondant à une double interrogation :
1- D'abord, le Minefop peut-il contribuer à valoriser davantage le système Lmd par l'institution obligatoire de l'apprentissage des langues ?
2- Ensuite, le passage au système Lmd, tout en facilitant l'accès à l'emploi des diplômés de l'enseignement supérieur, peut-il être un projet à forte potentialité de main-d'œuvre ?
La maîtrise des langues comme exigence au système Lmd
Dans la suite de sa réflexion, le Pr. Paul Gérard Pougoue écrit : "c'est ensuite l'enseignement des langues étrangères. Dans notre contexte, l'idéal, pour répondre aux ambitions du système Lmd, serait que le grade M (Master) ne puisse être délivré qu'après la validation de l'aptitude à maîtriser outre l'anglais et le français, au moins une autre langue étrangère, notamment l'espagnol." Dans la lettre et l'esprit de cette affirmation, parler couramment l'anglais et le français devient une "exigence forte" de professionnalisation et de compétitivité. L'anglais étant par ailleurs la première langue des affaires dans le monde, "répondre aux ambitions du système Lmd" oblige les diplômés de l'enseignement supérieur à parler et à écrire couramment le français et l'anglais pour être compétitifs sur le marché de l'emploi.
Cette évidence pose cependant un problème crucial : qui doit organiser les cours de langues anglaise et française et valider l'aptitude à les parler couramment ?
En Europe occidentale et en Amérique du Nord, cette mission échoit aux écoles de langues. Deux raisons expliquent d'ailleurs ce choix.
D'abord, les programmes de formations étant très surchargés dans les universités, l'Etat a jugé opportun de confier l'enseignement des langues à des écoles privées placées sous l'autorité de l'équivalent de notre ministère de l'Emploi et de la formation professionnelle.
Ensuite, pour des besoins de promotion de l'emploi, l'Etat a préféré confier cette mission aux structures privées.
Nous avons mené un sondage dans les universités publiques et privées de Yaoundé auprès d'un échantillon de 100 étudiants et enseignants. La question suivante leur a été posée : "vous êtes un directeur de ressources humaines qui a besoin pour son entreprise de deux cadres de grade master. En dehors des aptitudes techniques requises pour les postes, les candidats doivent par ailleurs avoir le profil suivant : maîtriser parfaitement l'anglais et le français. Deux types de postulants se présentent : ceux qui ont eu leur Master et un diplôme de langue de 4e degré et ceux qui ont eu leur Master tout en ayant validé les unités de valeur de langues y afférentes. A la question de savoir qui recruteriez-vous, 97% ont préféré recruter le cadre nantis d'un Master et d'un diplôme de langue". La conclusion s'impose d'elle-même.
Si la formule ci-dessus venait à être adoptée au Cameroun, comment le Minefop devrait-il s'y prendre pour que la maîtrise de nos deux langues officielles par les futurs diplômés de l'enseignement supérieur (Lmd) soit une réalité ? La sagesse voudrait que le Minefop s'approprie une partie des réformes structurelles en cours d'expérimentation dans certaines universités du Cameroun (à l'exemple de l'Université de Yaoundé II à Soa), pour accompagner "le passage au système Lmd" en organisant rationnellement les écoles de langues, en créant et en valorisant les diplômes de langues qui y seront délivrés.
Organisation rationnelle des écoles de langues
Pour une meilleure organisation des écoles de langues, le Minefop se doit :
• De définir clairement les conditions d'octroi des agréments aux promoteurs des écoles de langues
• D'interdire aux promoteurs des écoles de langues d'utiliser les services des professeurs vacataires après trois (03) ans d'existence
• De créer un cadre de concertation et de facilitation avec son homologue de l'enseignement supérieur pour permettre aux promoteurs des écoles de langues de recruter et de faire former à l'Ecole normale supérieure sur simple demande, leur personnel enseignant
• De fixer les conditions minima de recrutement d'un professeur de langues
• D'engager des concertations avec son homologue du Travail et de la Sécurité Sociale, pour poser les bases d'une convention collective des professeurs des écoles de langues. Ladite convention collective doit systématiquement obliger le promoteur de l'école à inscrire ses enseignants dans les délais légaux à la Cnps
• De mettre sur pied une commission spéciale chargée du contrôle des versements réguliers des cotisations pensions de ces enseignants à la Cnps
• De prévoir des subventions à ces écoles de langues pour leur permettre d'équiper leurs bibliothèques, d'avoir un cadre de travail à la dimension des ambitions affichées
• De fixer le nombre d'étudiants par salle à quarante (40)
• De circonscrire les frais de cours entre quatre-vingt mille (80 000) et cent milles (100 000) francs Cfa, manuels non compris
• De Fixer la fréquence des cours à 2 ou 3 heures par jour et ce de lundi à vendredi, soit 10 à 15 heures de cours de langue par semaine
C'est dans ce climat de transparence absolue que les professeurs de langues doivent remplir leur mission qui est celle d'accompagner le "système LMD" dans sa plénitude.
Les conditions pour faire acte de candidature
1/. Au grade de licence (L)
• Avoir fait deux niveaux intensifs ou super intensifs de cours d'anglais pour les francophones et de français pour les anglophones
• Produire une copie certifiée conforme du diplôme de langue Niveau I délivré par le Minefop
• Produire une copie certifiée conforme du diplôme de langue Niveau II délivré par le Minefop
2/. Au grade de Master (M)
En plus des conditions prévues au grade L,
• Avoir fait le troisième niveau intensif de cours d'anglais pour les francophones et de français pour les anglophones
• Avoir fait un niveau de Business English pour les francophones et un niveau du Français des Affaires pour les anglophones
• Produire une copie certifiée conforme du diplôme de langue Niveau III délivré par le Minefop (anglais ou français)
• Produire une copie certifiée conforme du diplôme de Business English ou Français des Affaires
3/. Au grade de Doctorat (D)
En plus des conditions des grades L et M, l'étudiant doit
• Avoir fait le quatrième niveau (d'anglais ou de français)
• Produire les copies certifiées conformes de tous ses diplômes de langues délivrés par le Minefop
Création et valorisation des diplômes de langues
Le Cameroun à travers le Minefop a le devoir de créer et de valoriser les diplômes de langues comme le Toefl 575 points aux USA et le diplôme d'études de langue française en France. Il est donc opportun pour "le passage au système Lmd" au Cameroun, d'étaler l'apprentissage des langues officielles sur sept années consécutives avec bien sûr une large ouverture sur le Business English pour les francophones et le Français des Affaires pour les anglophones.
Le but recherché est que le titulaire du grade (M) à l'issue de sa formation maîtrise parfaitement l'anglais et le français, mais soit familiarisé aux pratiques et règles de fonctionnement des entreprises et de leurs partenaires.
Cet arrimage de l'enseignement supérieur camerounais aux standards internationaux impose à nos étudiants plus de travail, plus de sens d'organisation méthodique de leurs emplois de temps et surtout beaucoup d'investissements financiers pour espérer faire des études supérieures de haute qualité. Car sans argent, il sera désormais difficile aux jeunes universitaires de postuler à des formations capables de leur ouvrir les portes de l'emploi. C'est peut-être à ce niveau que va s'opérer la sélection dont parlait le professeur Pougoue.
L'apprentissage du français par des étudiants anglophones
En première année de Licence
• L'étudiant s'inscrit au niveau élémentaire de français, sanctionné par le Diplôme d'études de langue française du 1er degré
- Nom du diplôme : Delaf 1er degré
- Crédit horaire total : 150 heures soit 10 semaines de cours de français
- Fréquence des cours : 3 heures par jour de lundi à vendredi, soit 15 heures par semaine
A la fin de la session, l'apprenant sera capable de :
- Commander au restaurant
- Comprendre les situations concrètes de la vie quotidienne
- Accomplir des démarches administratives
- Engager une conversation et y participer
• Ensuite le même étudiant s'inscrit au niveau intermédiaire [A] sanctionné par le Diplôme d'études de langue française du 2e degré
- Nom du diplôme : Delaf 2e degré
- Crédit horaire total : 200 heures soit 14 semaines de cours de français
- Fréquence des cours : 3 heures par jour de lundi à vendredi, soit 15 heures par semaine
A la fin de la session, l'apprenant sera capable de :
- Comprendre l'essentiel d'énoncés clairs traitant de la vie concrète en société (sport – travail – études – loisirs…)
- Se débrouiller lors d'un voyage
- Expliquer un projet, une idée
- parler de son travail et de ses loisirs
En deuxième année de Licence
L'étudiant s'inscrit au niveau intermédiaire [B] de français, sanctionné par le Diplôme d'études de langue française du 3e degré
- Nom du diplôme : Delaf 3e degré
- Crédit horaire total : 300 heures de cours de français
- Articulation en deux sous niveaux de 150 heures
- Fréquence des cours : 3 heures par jour de lundi à vendredi, soit 15 heures par semaine
- Durée : 20 semaines
* sous niveau [B1] : 150 heures soit 10 semaines
* sous niveau [B2] : 150 heures soit 10 semaines
A la fin de la session, l'apprenant sera capable de :
- Comprendre des textes complexes
- S'exprimer sur des sujets variés
- Donner des avis et argumenter
- Faire preuve de spontanéité
En troisième année de Licence
L'étudiant s'inscrit au niveau [C] de langue française, sanctionné par le Diplôme d'études de langue française du 4e degré
- Nom du diplôme : Delaf 4e degré
- Crédit horaire total : 300 heures de cours de français
- Articulation en deux sous niveaux de 150 heures chacun
- Fréquence des cours : 3 heures par jour de lundi à vendredi, soit 15 heures par semaine
- Durée : 20 semaines
* sous niveau [C1] : 150 heures soit 10 semaines
* sous niveau [C2] : 150 heures soit 10 semaines
A la fin de la session, l'apprenant sera capable d'utiliser le français pour :
- Communiquer de façon spontanée dans un contexte social ou professionnel donné
- S'exprimer aisément dans toutes les situations de la vie courante
En première année de Master
L'étudiant s'inscrit au Niveau [I] de Français des Affaires, sanctionné par le Diplôme de français des affaires du 1er degré
- Nom du diplôme : Difa 1er degré
- Crédit horaire total : 150 heures de cours de Français des Affaires
- Fréquence des cours : 3 heures par jour de lundi à vendredi, soit 15 heures par semaine
- Durée : 10 semaines
A la fin de la session, l'apprenant sera capable d'utiliser efficacement le français à l'oral comme à l'écrit, dans les principales situations de communication professionnelle.
En deuxième année de Master
L'étudiant prend une inscription au Niveau [II] de Français des Affaires, sanctionné par le Diplôme de Français des Affaires de 2e degré. Il convient de signaler à titre de rappel que l'étudiant doit avoir préalablement suivi les cours de Difa 1er degré
- Nom du diplôme : Difa 2e degré
- Crédit horaire total : 150 heures de cours de Français des Affaires du 2e degré
- Fréquence des cours : 3 heures par jour de lundi à vendredi, soit 15 heures par semaine
- Durée : 10 semaines
A la fin de la session, l'apprenant sera capable d'utiliser efficacement le français dans la plupart des situations sociales et professionnelles et singulièrement dans les situations de responsabilité.
Pour le grade D (Doctorat)
L'étudiant s'inscrit au niveau perfectionnement, sanctionné par un Diplôme approfondi de langue française.
- Nom du diplôme : Dialaf
- Crédit horaire total : 300 heures de cours
- Articulation :
* 1ère année : 150 heures de cours approfondis de français, soit 10 semaines
* 2ème année : 150 heures de cours approfondis de langue française.
A la fin de cette session, le titulaire du grade D est capable d'utiliser le français pour :
- Comprendre aisément tout type de document ;
- S'exprimer aisément ;
- Manier les subtilités de la langue française.
L'apprentissage de l'Anglais par des étudiants francophones
A quelques exceptions près, le développement ci-dessus est aussi valable pour les étudiants francophones. Ainsi, pour chaque niveau de langue, le Minefop crée et valorise un diplôme de langue. A titre d'exemple :
• En 1ère année de Licence :
Teafol 1: Test of english as foreign language
Level 1
• En 2ème année de licence :
Teafol 2: Test of english as foreign language
Level 2
• En 3ème année de Licence :
Teafol 3: Test of english as foreign language
Level 3
• En 1ère année de Master
Teobup 1: Test of english for business proposes
Level 1
• En 2ème année Master
Teobup 2: Test of english for business proposes
Level 2
• Pour le grade D
Proficiency
Teeic : Test of english in international communication.
La valorisation de ces différents diplômes passe par la définition des contenus des référentiels, l'organisation des tests d'évaluation harmonisés pour toutes les écoles de langues, où la transparence est la règle. Cela implique donc d'éviter des cas comme ceux relatifs à la tricherie et de nature à dévaluer les parchemins. Il appartiendra aux autorités compétentes de rendre ces diplômes compétitifs sur le plan international. Car à l'évidence, si les diplômés de l'enseignement supérieur de grade Lmd maîtrisent parfaitement les deux langues officielles, il est certain que le taux de placement de la main d'œuvre sur le marché de l'emploi sera élevé.
Le système Lmd, un projet à forte potentialité de main d'œuvre ?
Le professeur Paul Gérard Pougoue répond à cette question en écrivant ceci : "En 2007, alors que l'on pense à passer au système Lmd, les effectifs sont à nouveau pléthoriques". Cette surpopulation estudiantine démontre à suffisance que le Minefop doit agréer plus de 50 écoles de langues pour pouvoir absorber toute la demande d'apprentissage.
Les écoles de langue ayant beaucoup d'apprenants à former en anglais et en français, se trouveront dans l'heureuse obligation de recruter un personnel nombreux pour leur fonctionnement. En effet des estimations empiriques corroborent l'idée selon laquelle les universités publiques et privées charrient des effectifs des étudiants qui oscillent entre 40 000 et 45 000 par an.
Il est donc évident que le passage au système Lmd est un projet à forte potentialité de main d'œuvre et peut avoir une incidence à plusieurs niveaux.
• Le passage au système Lmd va favoriser la réalité du bilinguisme au Cameroun
• Grâce à cette réalité de son bilinguisme, le Cameroun va bénéficier sur le plan international d'un rayonnement certain
• Sur le plan économique, les promoteurs des écoles de langues auront un marché important fait d'étudiants à former à la fois en anglais et en français
• Cette création d'emploi consécutive au passage au système Lmd aura pour effet d'atténuer substantiellement le taux de chômage au Cameroun.
*Officier de l’armée de terre, diplômé de l’Office fédéral de langues de Cologne (Bundessprachenamt)
Tél : 94 69 44 21
Par Par le Capitaine Gabriel NOUMEYI*
http://www.lemessager.net/details_articles.php?code=142&code_art=25502
mardi 11 novembre 2008
Grève dans les universités : Fame Ndongo : fragilisé
Campus mort à Buea et à Dschang; grève partiellement suivie à Yaoundé et Douala. Malgré des concertations ça et là avec les enseignants pour désamorcer le mouvement.
Université de Yaoundé II hier ce 10 novembre 2008. Il est 14h. L’entrée de l’institution et la cour grouillent de monde, mais il règne un calme plat sur le campus. Un véhicule arrive à vive allure et gare. De nombreux étudiants accourent vers une salle de classe.
“On a un cours sur la finance, et on n’entre pas après l’enseignant”,
lance un étudiant de la faculté des sciences juridiques et politiques (Fsjp). Selon un autre, de la faculté des sciences économiques et de gestion (Fseg), “nous avons fait deux cours depuis ce matin ; on attend le dernier cours dans quelques instants. Et depuis le matin, on n’a pas l’impression qu’il y a grève”. Le mot d’ordre de grève annoncé par le Syndicats national des enseignants du supérieur (Synes) qui devrait prendre effet dès ce jour n’a pas été respecté ici.
A Yaoundé I, le décor était légèrement différent à la mi-journée. Par petits groupes, les étudiants sont éparpillés dans la cour, sous les arbres et dans des salles de classe. Certes, il y a peu d’enseignants dans les salles de cours, mais la situation n’est pas toujours à mettre à l’actif des syndicalistes. Ici, il y a confusion entre le retard accusé dans le lancement de la nouvelle année académique et le respect de l’appel à la grève du Synes “depuis le matin, je n’ai pas l’impression qu’il n’y a pas grève”, témoigne un étudiant de première année, Lettres bilingues. C’est une situation presque générale dans les deux facultés que compte la mère des universités. Mais les étudiants de deuxième année espagnol attendent depuis 12h, d’assister à leur premier cours de l’année, et “jusqu’à présent (13h), l’enseignant n’est pas encore arrivé ; on ne sait pas s’il est en grève”, avoue Eric. Cas similaire en deuxième année science de la terre (St). Dans l’ensemble, c’est la faculté des lettres qui semble avoir mieux boycotté le mot d’ordre de grève.
Certes, les enseignants sont unanimes que les revendications sont fondées, mais la méthode et l’opportunité ne sont partagées. Selon Mathias Eric Owona Nguini, enseignant à l’université de Yaoundé II, “les revendications vont au-delà des salaires et il y a des problèmes plus importants”. Pour un de ses collègues de la Fseg, “la meilleure grève pour un enseignant c’est de bien faire son travail. Et puis, il faut que l’enseignant présente d’abord son bilan ; qu’on évalue le travail fait par chacun d’entre nous ; on verra qu’il n’y a aucune différence entre la période où on fait cours et celle de grève”. Pour cet économiste “70% des jeunes formés dans nos universités chôment parce qu’ils sont mal formés”.
Un autre enseignant de l’université de Yaoundé I pense que “le Synes ne peut pas intimer à des enseignants qui ne sont pas ses membres d’arrêter les cours ; et puis, la seule université de Yaoundé I compte quatre syndicats qui luttent pour la même cause. Qui va-t-on suivre ?”. Cet avocat des étudiants rappelle qu’“il y a les parents qui se saignent pour envoyer leurs enfants à l’école. Pourquoi doit-on sacrifier ces enfants ?”.
En cette mi-journée, dans une salle de la faculté des sciences qui leur sert de base, une quinzaine de membres du Synes sont réunis et évoquent la situation. Bientôt, arrive Innocent Futcha. Le secrétaire général du mouvement fait le point de la situation sur le terrain. En résumé, “Buéa a répondu à 100%, trois ou quatre cours ont été faits à Ngaoundéré, 99,99% des enseignants ont suivi le mouvement à Dschang, et les étudiants sont en train de déserter le campus”. Et que “une trentaine d’enseignants ont répondu à Douala, parce qu’ils n’étaient pas informés”.
Le ministre de l’Enseignement supérieur était ici en matinée pour s’enquérir de la situation. “Il a constaté que les cours se déroulent normalement”, affirme un responsable de la Falsh. Alors qu’au Synes, on croit que Jacques Fame Ndongo est venu “intimider les enseignants”. On apprend également que le Minesup a appelé personnellement les responsables des universités pour donner la conduite à suivre.
Écrit par Lindovi Ndjio (Stagiaire)
http://www.lanouvelleexpression.info
Université de Yaoundé II hier ce 10 novembre 2008. Il est 14h. L’entrée de l’institution et la cour grouillent de monde, mais il règne un calme plat sur le campus. Un véhicule arrive à vive allure et gare. De nombreux étudiants accourent vers une salle de classe.
“On a un cours sur la finance, et on n’entre pas après l’enseignant”,
lance un étudiant de la faculté des sciences juridiques et politiques (Fsjp). Selon un autre, de la faculté des sciences économiques et de gestion (Fseg), “nous avons fait deux cours depuis ce matin ; on attend le dernier cours dans quelques instants. Et depuis le matin, on n’a pas l’impression qu’il y a grève”. Le mot d’ordre de grève annoncé par le Syndicats national des enseignants du supérieur (Synes) qui devrait prendre effet dès ce jour n’a pas été respecté ici.
A Yaoundé I, le décor était légèrement différent à la mi-journée. Par petits groupes, les étudiants sont éparpillés dans la cour, sous les arbres et dans des salles de classe. Certes, il y a peu d’enseignants dans les salles de cours, mais la situation n’est pas toujours à mettre à l’actif des syndicalistes. Ici, il y a confusion entre le retard accusé dans le lancement de la nouvelle année académique et le respect de l’appel à la grève du Synes “depuis le matin, je n’ai pas l’impression qu’il n’y a pas grève”, témoigne un étudiant de première année, Lettres bilingues. C’est une situation presque générale dans les deux facultés que compte la mère des universités. Mais les étudiants de deuxième année espagnol attendent depuis 12h, d’assister à leur premier cours de l’année, et “jusqu’à présent (13h), l’enseignant n’est pas encore arrivé ; on ne sait pas s’il est en grève”, avoue Eric. Cas similaire en deuxième année science de la terre (St). Dans l’ensemble, c’est la faculté des lettres qui semble avoir mieux boycotté le mot d’ordre de grève.
Certes, les enseignants sont unanimes que les revendications sont fondées, mais la méthode et l’opportunité ne sont partagées. Selon Mathias Eric Owona Nguini, enseignant à l’université de Yaoundé II, “les revendications vont au-delà des salaires et il y a des problèmes plus importants”. Pour un de ses collègues de la Fseg, “la meilleure grève pour un enseignant c’est de bien faire son travail. Et puis, il faut que l’enseignant présente d’abord son bilan ; qu’on évalue le travail fait par chacun d’entre nous ; on verra qu’il n’y a aucune différence entre la période où on fait cours et celle de grève”. Pour cet économiste “70% des jeunes formés dans nos universités chôment parce qu’ils sont mal formés”.
Un autre enseignant de l’université de Yaoundé I pense que “le Synes ne peut pas intimer à des enseignants qui ne sont pas ses membres d’arrêter les cours ; et puis, la seule université de Yaoundé I compte quatre syndicats qui luttent pour la même cause. Qui va-t-on suivre ?”. Cet avocat des étudiants rappelle qu’“il y a les parents qui se saignent pour envoyer leurs enfants à l’école. Pourquoi doit-on sacrifier ces enfants ?”.
En cette mi-journée, dans une salle de la faculté des sciences qui leur sert de base, une quinzaine de membres du Synes sont réunis et évoquent la situation. Bientôt, arrive Innocent Futcha. Le secrétaire général du mouvement fait le point de la situation sur le terrain. En résumé, “Buéa a répondu à 100%, trois ou quatre cours ont été faits à Ngaoundéré, 99,99% des enseignants ont suivi le mouvement à Dschang, et les étudiants sont en train de déserter le campus”. Et que “une trentaine d’enseignants ont répondu à Douala, parce qu’ils n’étaient pas informés”.
Le ministre de l’Enseignement supérieur était ici en matinée pour s’enquérir de la situation. “Il a constaté que les cours se déroulent normalement”, affirme un responsable de la Falsh. Alors qu’au Synes, on croit que Jacques Fame Ndongo est venu “intimider les enseignants”. On apprend également que le Minesup a appelé personnellement les responsables des universités pour donner la conduite à suivre.
Écrit par Lindovi Ndjio (Stagiaire)
http://www.lanouvelleexpression.info
Raymond Ebale : Les universitaires camerounais entre victimisation et culpabilité
L’historien en économie analyse la déchéance de l’élite intellectuelle et propose de solutions pour sortir du « cercle vicieux ».
Méprisés, rejetés, manipulés, assujettis, utilisés, infantilisés, incompris et finalement réduits à rien du tout, tel est sans complaisance l’image qu’offrent les universitaires de la présente République du Cameroun. Un tableau qui donnerait sûrement à sourire, mais alors un sourire qui se voudra jaune, si l’on tient compte des conséquences de ce triste tableau sur la destinée de notre pays.
Pour cela essayons tout d’abord de voir comment se définie un universitaire. D’après le dictionnaire français, le terme universitaire renvoie d’abord à ce qui est relatif à l’université, à ce qui relève de l’enseignement supérieur. Ensuite il désigne toute personne qui est membre de l’université.
Mais s’il faille aller plus loin, nous dirons que l’universitaire n’est pas seulement celui qui a atteint ce sommet de la connaissance. Il est également celui qui a accumulé un savoir unique dans un domaine précis de la vie – c’est l’objet d’une thèse de doctorat – et dans lequel il détient une expertise unique. A ce stade, l’universitaire devient aussi un chercheur, capable de produire des résultats. Des exemples (hélas en voie de disparition) abondent dans notre pays d’universitaires de renom qui ont fait des preuves. Je m’arrête à quelques noms : Chuijang Pouemi et Georges Ngango en économie, Joseph Marie Essomba et Engelbert Mveng en histoire et archéologie, François Mbomé en droit, Jean Marc Ela en sociologie, Hogbe Nlend en mathématiques, Eno Belinga en géologie etc.
Les universitaires sont de la sorte considérés comme l’élite intellectuelle d’un pays, à côté, selon la classification sociologique, des élites technocratiques, de propriété, traditionnelles, charismatiques, idéologiques ou symboliques. Guy Rocher définit l’élite comme « les personnes ou les groupes qui, par suite du pouvoir qu’ils détiennent ou de l’influence qu’ils exercent, contribuent à l’action historique d’une collectivité, soit par les décisions qu’ils prennent, soit par les idées, les sentiments ou les émotions qu’ils expriment ou qu’ils symbolisent » . Aussi pouvons nous dire que tout comme le sont les généraux dans les forces armées, les universitaires forment la primeur de la connaissance et de la pensée intellectuelle d’une société. Toute la symbolique de leur mission n’est-elle pas bien exprimée dans la définition précédente ?
Voilà pourquoi de tout temps, cette catégorie d’hommes et de femmes a toujours fait l’objet d’une attention particulière de la part des Etats et des gouvernements qui se respectent et d’une reconnaissance singulière de la part de la société qui les accueille. Car de tout temps, l’université (ou l’enseignement supérieur) est toujours apparue comme le poumon de tout pays véritablement jouer un rôle sur l’échiquier international. En effet c’est ici que partent toutes les innovations, scientifiques, technologiques, philosophiques, cognitives…dont se sert la société pour muter, se développer et s’épanouir. Voilà pourquoi on a coutume de dire que si vous voulez réellement connaître le niveau socio-mental d’un pays, allez d’abord visiter son université. Voilà aussi pourquoi les mercenaires internationaux que sont les institutions financières internationales travaillent à étouffer le développement des universités africaines au profit du soit disant enseignement de base qui absorbent actuellement l’essentiel des financements affectés à l’éducation dans nos pays. Car ils savent qu’un enseignement supérieur fort est synonyme d’universitaires forts et donc moins d’assistants techniques et de coopérants. Si nos gouvernements pouvaient le comprendre.
A l’exemple du Président Abdoulaye Wade du Sénégal qui, quelque temps après sa prise de pouvoir décida de revisiter le statut des universitaires de son pays (à la suite de celui des ministres), en améliorant leurs émoluments. Le salaire minimal d’un universitaire sénégalais est ainsi de 600 000 Fcfa pour un débutant et au delà de 1 000 000 Fcfa pour les plus anciens. Ces montants varient entre 800 000 Fcfa et 1 200 000 Fcfa dans les pays comme le Rwanda, le Gabon ou le Malawi. A l’exemple également du Cameroun d’avant la réforme universitaire de 1993, période au cours de laquelle les universitaires de notre pays étaient fort épanouis et ont magnifiquement contribué à la formation de milliers de cadres qui font aujourd’hui la force de plus de plusieurs administrations. L’auteur de cette réflexion est un pur produit de cette école là. D’autres exemples abondent cependant ailleurs. Qui pourraient s’évaluer sur le strict plan infrastructurel, c’est-à-dire des moyens mis à la disposition des universitaires pour exercer pleinement leur profession et apporter à leur société des réponses concrètes à son épanouissement. C’est le rôle que joue par exemple en France le Centre National de Recherche Scientifique (CNRS), véritable laboratoire où se façonne toute la pensée théorique et pratique de la société française et où beaucoup d’entre nous sont également allés s’abreuver.
Comme semble le perpétuer une certaine mentalité camerounaise dans ce débat, les avantages consentis aux universitaires ne sont nullement offerts pour pérenniser le pouvoir en place ou entretenir les réunions politiques du parti dominant au village, mais uniquement compte du rôle qu’ils jouent dans le rayonnement national et international de leur nation. En effet c’est eux qui forment les cadres supérieurs dans les universités et les grandes écoles, apportent leur expertise dans les grands dossiers de la nation et honorent leur pays à l’extérieur. Vous êtes simplement sans ignorer que les intellectuels sénégalais sont actuellement les plus côtés de l’Afrique noire sur la scène internationale. Et que sur le récent classement des 100 premières universités africaines, aucune université camerounaise n’a été citée ! Même pas l’université de Buea dont on nous vente si souvent les mérites.
Comment en sommes nous arrivés là, serait tenté de s’interroger le profane ? Je répondrais tout simplement que c’est par une conjonction de plusieurs facteurs que je vais essayer de décrypter dans les lignes qui suivent. Ces facteurs, à mon humble observation, sont essentiellement de quatre ordres :
- conjoncturel
- éthique
- politique
- comportemental
Le facteur conjoncturel fait appel à la situation économique que connaît le Cameroun depuis la fin des années quatre vingt et caractérisée par une profonde crise de croissance. Et comme toutes les catégories socio professionnelles du pays, les universitaires n’ont pas échappé aux conséquences de cette crise. Ils ont également vu leur pouvoir d’achat diminué de manière dramatique. Entre la double baisse des salaires du début des années 90 et leur reversement à la fonction publique au même titre que le fonctionnaire lamda, ce corps d’élite a dangereusement été amoindri. Atteint matériellement et physiquement dans sa chair, l’universitaire ne pouvait qu’être ébranlé psychologiquement, et ce fut là le véritable début de sa déchéance, y compris la déchéance morale qui va se renforcer par les considérations d’ordre éthique.
L’ordre éthique se rapporte aux valeurs et plus précisément aux valeurs qui dictent la société camerounaise depuis que le culte de l’argent s’est érigé en norme. Ce culte est né à la faveur de la crise économique qui a fait apparaître une nouvelle race : les nouveaux riches. Il y eut d’abord eu les ‘‘feymen’’, et ensuite les détourneurs de fonds publics. Cette race, qui se recrute à tous les niveaux de la classe sociale, a si bien occupé le terrain camerounais qu’elle est finalement devenue le modèle à suivre. Influençant les décisions aussi bien à l’échelon élevé du pouvoir que celui du simple petit village de leur origine, ces ‘‘élites’’ ont réussi par cristalliser l’attention sur eux au point d’éclipser complètement les intellectuels parmi lesquels les universitaires. Ces derniers, en situation d’infériorité matérielle et financière devant des populations le plus souvent affamées, se sont alors retrouvés dans une situation où les idées seules ne pouvaient se vendre. Conséquence : ce sont ces médiocres qui sont de plus en plus au centre des décisions importantes de notre pays et de nos régions. D’où cette inertie et cette incompétence tant décriées qui maintiennent toujours le Cameroun dans les abîmes des ténèbres.
La solution aurait pu être d’asseoir une véritable volonté politique de redorer le blason des intellectuels. Mais hélas, cette volonté tarde toujours à se manifester au Cameroun. Et c’est là que je situe le troisième facteur qui rame à contre courant de la reconsidération de la condition des universitaires. Tout le monde sait que dans notre pays, la volonté politique relève exclusivement du pouvoir exécutif et plus précisément du président de la République. Mais malgré les quelques luttes entreprises pars les syndicats de l’enseignement supérieur notamment le Synes et depuis que les promesses ont été faites, les universitaires camerounais attendent toujours un signe d’Etoudi. Ce silence pour lequel chacun peut donner sa propre interprétation dispose pourtant d’une petite lueur qui, si elle vient à briller franchement, sonnera peut-être la réconciliation et l’espoir en attendant les ‘‘vraies choses’’ Il s’agit de l’annoncé mais jamais tenu Conseil de l’enseignement supérieur, dont un Secrétaire permanent occupe pourtant le poste depuis l’année 2004 en la personne du philosophe Guillaume Bwele. Cette institution, l’équivalente chez les universitaires du Haut conseil de la magistrature chez les magistrats, a jadis constitué le cadre où l’ensemble des problèmes relatifs aux universités et aux universitaires étaient débattus et solutionnés. Ce conseil ne s’est plus réuni depuis 1982 ! Oublie politique ou volonté politique ? That is the question.
Mais dans la mesure où dans les centres de l’exécutif trônent de nombreux universitaires, comment comprendre que ceux-ci n’arrivent pas à infléchir une situation qui concerne leur propre devenir, victimes qu’ils le sont souvent à la fin de leurs mandats ?
Cette interrogation nous amène à évoquer le quatrième et dernier facteur qui concoure à la déchéance des universitaires au Cameroun : le facteur comportemental.
On a coutume de dire que nul ne peut se targuer de sa propre turpitude. Car il s’agit en fait d’accepter l’évidence que ce qui arrive aux universitaires camerounais aujourd’hui est en quelque sorte le produit de leur propre volonté auto entretenue. Et il en sera ainsi tant que ceux-ci n’opérerons pas une véritable révolution mentale pour revenir aux sentiments nobles de l’universitaire avec tout ce qu’il a de dignité, de respect, d’éthique, de moralité et de responsabilité.
C’est ici que nous voulons évoquer la victimisation et la culpabilité chez ce corps d’élite du Cameroun. Car c’est à ces deux sentiments que les trois facteurs précédemment décrits ont fini par les conduire sur le plan comportemental. Les universitaires camerounais se sentent en effet victimes et coupables à la fois.
Victimes, car convaincus qu’ils sont l’objet d’un complot de la part d’un système qui les méprise et les rejette. Alors question : à qui la faute ?
Coupables car, à notre avis, étant bien conscient de leur indispensabilité pour le pays, ils sont en doute vis-à-vis d’eux-mêmes par rapport à leur incapacité à gérer le petit espace vital qui leur a été concédé par le pouvoir camerounais à savoir le ministère de l’Enseignement supérieur et ses annexes que sont les universités et les grandes écoles.
En effet, à la faveur de la réforme universitaire de 1993, il a bien plu au chef de l’Etat de confier la gestion de ce stratégique département ministériel aux universitaires eux-mêmes. Mais depuis cette date, alors qu’on attendait un certain rehaussement de l’université et de son corps d’élite, c’est plutôt l’inverse qui s’est produit jusqu’à ce jour. Non seulement les universités sont au plus mal, mais les universitaires continuent de voir leurs conditions de vie et de travail se détériorer dangereusement alors que les budgets consentis à cet effet augmentent d’année en année. Comment donc expliquer cette douloureuse contradiction ? Gestion académique, financière, matérielle et humaine calamiteuses, vision complètement obscurcie, véritables roitelets à la tête de petits ‘‘empires’’, les universitaires responsables des structures universitaires sont devenus plus que des bourreaux pour leur propre espace d’épanouissement au nom d’hypothétiques ambitions qui, lorsqu’elles ne sont pas bassement politiques, se réduisent le plus souvent au ventre ! Ce constat peut faire l’objet ici d’un vaste développement que nous préférons épargner au lecteur. Peut-être à d’autres occasions y reviendrons nous.
De même pour ceux qui sont à des postes dans les structures décisionnelles importantes tels que la Présidence de la République, le Premier ministère ou même le ministère de l’Enseignement Supérieur, l’ambition personnelle a fini par occulter les intérêts collectifs du corps, oubliant que ces positions ne durent qu’un temps. Car un véritable universitaire reste malgré tout attaché à son université. Plusieurs parmi ceux qui ont jadis occupé ces positions s’en rendent souvent compte après leur déchéance, lorsqu’on les rencontre en train de raser les murs des Facultés, tout honteux de vouloir s’offrir encore quelques heures de cours.
Comme conséquences de ces attitudes malsaines, les universitaires camerounais sont aujourd’hui regardés avec dédain par l’opinion et le doute quant à leurs capacités opérationnelles s’est définitivement installé. D’où le mépris et l’enfermement dans un cercle vicieux qu’il est plus qu’urgent de rompre. Comment ? Nous offrons ici cinq pistes qui pourraient nourrir la réflexion.
1. Que les universitaires prennent conscience de l’importance de leur stature sur la scène décisionnelle nationale et internationale (exit le Pr. Maurice Kamto dans le dossier de Bakassi). Car il est de renommé que pour un pays, lorsque l’université et les universitaires vont mal, tout le pays va mal. C’est le cas actuel du Cameroun. Aussi est-il temps pour ceux qui décident de comprendre qu’il va être de plus en plus difficile de continuer à chercher les solutions aux problèmes du Cameroun sans s’attacher de l’expertise des universitaires. De ces derniers et leur devenir dépend la réussite des défis à venir, n’en déplaise à ceux qui stigmatisent et qui pensent le contraire. Car de plus en plus dans notre pays, nous assistons à l’échec des projets de développement importants tout simplement parce que les responsables en charge, les ministres, feignent d’ignorer l’expertise des universitaires soit par orgueil, soit du fait de leur médiocre entourage hostile à toute ouverture aux universitaires par instinct de conservation. En agissant de la sorte, messieurs les décideurs, vous creusez vous-même la fosse de vos futurs échecs. Car c’est à cela en fait qu’a été créée l’université ;
2. Que les universitaires, les vrais, cherchent autant que se peut à garder et à préserver cette indépendance d’esprit qui est leur véritablement fondement. Une méfiance particulière doit être portée à toute tentative de récupération politique ou intellectuelle visant à rehausser les centres décisionnels hors de leur champ de contrôle ;
3. Que les universitaires bannissent en leur sein tout complexe d’infériorité, quelque soit les conditions dans lesquelles ils évoluent aujourd’hui. Car un jour, le soleil finira par se lever. La différence finira par se faire au moyen de leur acharnement au travail à travers leurs découvertes et publications scientifiques ;
4. Enfin, il serait urgent de repenser la représentativité des universitaires et leurs moyens de lutte dissous dans des considérations tribalistes et régionalistes stériles.
Ce dont nous sommes certains est que le Cameroun se fera avec les universitaires ou ne se fera pas.
Historien de l’économie
http://www.lejourquotidien.info/index.php?option=com_content&task=view&id=1252&Itemid=60
Méprisés, rejetés, manipulés, assujettis, utilisés, infantilisés, incompris et finalement réduits à rien du tout, tel est sans complaisance l’image qu’offrent les universitaires de la présente République du Cameroun. Un tableau qui donnerait sûrement à sourire, mais alors un sourire qui se voudra jaune, si l’on tient compte des conséquences de ce triste tableau sur la destinée de notre pays.
Pour cela essayons tout d’abord de voir comment se définie un universitaire. D’après le dictionnaire français, le terme universitaire renvoie d’abord à ce qui est relatif à l’université, à ce qui relève de l’enseignement supérieur. Ensuite il désigne toute personne qui est membre de l’université.
Mais s’il faille aller plus loin, nous dirons que l’universitaire n’est pas seulement celui qui a atteint ce sommet de la connaissance. Il est également celui qui a accumulé un savoir unique dans un domaine précis de la vie – c’est l’objet d’une thèse de doctorat – et dans lequel il détient une expertise unique. A ce stade, l’universitaire devient aussi un chercheur, capable de produire des résultats. Des exemples (hélas en voie de disparition) abondent dans notre pays d’universitaires de renom qui ont fait des preuves. Je m’arrête à quelques noms : Chuijang Pouemi et Georges Ngango en économie, Joseph Marie Essomba et Engelbert Mveng en histoire et archéologie, François Mbomé en droit, Jean Marc Ela en sociologie, Hogbe Nlend en mathématiques, Eno Belinga en géologie etc.
Les universitaires sont de la sorte considérés comme l’élite intellectuelle d’un pays, à côté, selon la classification sociologique, des élites technocratiques, de propriété, traditionnelles, charismatiques, idéologiques ou symboliques. Guy Rocher définit l’élite comme « les personnes ou les groupes qui, par suite du pouvoir qu’ils détiennent ou de l’influence qu’ils exercent, contribuent à l’action historique d’une collectivité, soit par les décisions qu’ils prennent, soit par les idées, les sentiments ou les émotions qu’ils expriment ou qu’ils symbolisent » . Aussi pouvons nous dire que tout comme le sont les généraux dans les forces armées, les universitaires forment la primeur de la connaissance et de la pensée intellectuelle d’une société. Toute la symbolique de leur mission n’est-elle pas bien exprimée dans la définition précédente ?
Voilà pourquoi de tout temps, cette catégorie d’hommes et de femmes a toujours fait l’objet d’une attention particulière de la part des Etats et des gouvernements qui se respectent et d’une reconnaissance singulière de la part de la société qui les accueille. Car de tout temps, l’université (ou l’enseignement supérieur) est toujours apparue comme le poumon de tout pays véritablement jouer un rôle sur l’échiquier international. En effet c’est ici que partent toutes les innovations, scientifiques, technologiques, philosophiques, cognitives…dont se sert la société pour muter, se développer et s’épanouir. Voilà pourquoi on a coutume de dire que si vous voulez réellement connaître le niveau socio-mental d’un pays, allez d’abord visiter son université. Voilà aussi pourquoi les mercenaires internationaux que sont les institutions financières internationales travaillent à étouffer le développement des universités africaines au profit du soit disant enseignement de base qui absorbent actuellement l’essentiel des financements affectés à l’éducation dans nos pays. Car ils savent qu’un enseignement supérieur fort est synonyme d’universitaires forts et donc moins d’assistants techniques et de coopérants. Si nos gouvernements pouvaient le comprendre.
A l’exemple du Président Abdoulaye Wade du Sénégal qui, quelque temps après sa prise de pouvoir décida de revisiter le statut des universitaires de son pays (à la suite de celui des ministres), en améliorant leurs émoluments. Le salaire minimal d’un universitaire sénégalais est ainsi de 600 000 Fcfa pour un débutant et au delà de 1 000 000 Fcfa pour les plus anciens. Ces montants varient entre 800 000 Fcfa et 1 200 000 Fcfa dans les pays comme le Rwanda, le Gabon ou le Malawi. A l’exemple également du Cameroun d’avant la réforme universitaire de 1993, période au cours de laquelle les universitaires de notre pays étaient fort épanouis et ont magnifiquement contribué à la formation de milliers de cadres qui font aujourd’hui la force de plus de plusieurs administrations. L’auteur de cette réflexion est un pur produit de cette école là. D’autres exemples abondent cependant ailleurs. Qui pourraient s’évaluer sur le strict plan infrastructurel, c’est-à-dire des moyens mis à la disposition des universitaires pour exercer pleinement leur profession et apporter à leur société des réponses concrètes à son épanouissement. C’est le rôle que joue par exemple en France le Centre National de Recherche Scientifique (CNRS), véritable laboratoire où se façonne toute la pensée théorique et pratique de la société française et où beaucoup d’entre nous sont également allés s’abreuver.
Comme semble le perpétuer une certaine mentalité camerounaise dans ce débat, les avantages consentis aux universitaires ne sont nullement offerts pour pérenniser le pouvoir en place ou entretenir les réunions politiques du parti dominant au village, mais uniquement compte du rôle qu’ils jouent dans le rayonnement national et international de leur nation. En effet c’est eux qui forment les cadres supérieurs dans les universités et les grandes écoles, apportent leur expertise dans les grands dossiers de la nation et honorent leur pays à l’extérieur. Vous êtes simplement sans ignorer que les intellectuels sénégalais sont actuellement les plus côtés de l’Afrique noire sur la scène internationale. Et que sur le récent classement des 100 premières universités africaines, aucune université camerounaise n’a été citée ! Même pas l’université de Buea dont on nous vente si souvent les mérites.
Comment en sommes nous arrivés là, serait tenté de s’interroger le profane ? Je répondrais tout simplement que c’est par une conjonction de plusieurs facteurs que je vais essayer de décrypter dans les lignes qui suivent. Ces facteurs, à mon humble observation, sont essentiellement de quatre ordres :
- conjoncturel
- éthique
- politique
- comportemental
Le facteur conjoncturel fait appel à la situation économique que connaît le Cameroun depuis la fin des années quatre vingt et caractérisée par une profonde crise de croissance. Et comme toutes les catégories socio professionnelles du pays, les universitaires n’ont pas échappé aux conséquences de cette crise. Ils ont également vu leur pouvoir d’achat diminué de manière dramatique. Entre la double baisse des salaires du début des années 90 et leur reversement à la fonction publique au même titre que le fonctionnaire lamda, ce corps d’élite a dangereusement été amoindri. Atteint matériellement et physiquement dans sa chair, l’universitaire ne pouvait qu’être ébranlé psychologiquement, et ce fut là le véritable début de sa déchéance, y compris la déchéance morale qui va se renforcer par les considérations d’ordre éthique.
L’ordre éthique se rapporte aux valeurs et plus précisément aux valeurs qui dictent la société camerounaise depuis que le culte de l’argent s’est érigé en norme. Ce culte est né à la faveur de la crise économique qui a fait apparaître une nouvelle race : les nouveaux riches. Il y eut d’abord eu les ‘‘feymen’’, et ensuite les détourneurs de fonds publics. Cette race, qui se recrute à tous les niveaux de la classe sociale, a si bien occupé le terrain camerounais qu’elle est finalement devenue le modèle à suivre. Influençant les décisions aussi bien à l’échelon élevé du pouvoir que celui du simple petit village de leur origine, ces ‘‘élites’’ ont réussi par cristalliser l’attention sur eux au point d’éclipser complètement les intellectuels parmi lesquels les universitaires. Ces derniers, en situation d’infériorité matérielle et financière devant des populations le plus souvent affamées, se sont alors retrouvés dans une situation où les idées seules ne pouvaient se vendre. Conséquence : ce sont ces médiocres qui sont de plus en plus au centre des décisions importantes de notre pays et de nos régions. D’où cette inertie et cette incompétence tant décriées qui maintiennent toujours le Cameroun dans les abîmes des ténèbres.
La solution aurait pu être d’asseoir une véritable volonté politique de redorer le blason des intellectuels. Mais hélas, cette volonté tarde toujours à se manifester au Cameroun. Et c’est là que je situe le troisième facteur qui rame à contre courant de la reconsidération de la condition des universitaires. Tout le monde sait que dans notre pays, la volonté politique relève exclusivement du pouvoir exécutif et plus précisément du président de la République. Mais malgré les quelques luttes entreprises pars les syndicats de l’enseignement supérieur notamment le Synes et depuis que les promesses ont été faites, les universitaires camerounais attendent toujours un signe d’Etoudi. Ce silence pour lequel chacun peut donner sa propre interprétation dispose pourtant d’une petite lueur qui, si elle vient à briller franchement, sonnera peut-être la réconciliation et l’espoir en attendant les ‘‘vraies choses’’ Il s’agit de l’annoncé mais jamais tenu Conseil de l’enseignement supérieur, dont un Secrétaire permanent occupe pourtant le poste depuis l’année 2004 en la personne du philosophe Guillaume Bwele. Cette institution, l’équivalente chez les universitaires du Haut conseil de la magistrature chez les magistrats, a jadis constitué le cadre où l’ensemble des problèmes relatifs aux universités et aux universitaires étaient débattus et solutionnés. Ce conseil ne s’est plus réuni depuis 1982 ! Oublie politique ou volonté politique ? That is the question.
Mais dans la mesure où dans les centres de l’exécutif trônent de nombreux universitaires, comment comprendre que ceux-ci n’arrivent pas à infléchir une situation qui concerne leur propre devenir, victimes qu’ils le sont souvent à la fin de leurs mandats ?
Cette interrogation nous amène à évoquer le quatrième et dernier facteur qui concoure à la déchéance des universitaires au Cameroun : le facteur comportemental.
On a coutume de dire que nul ne peut se targuer de sa propre turpitude. Car il s’agit en fait d’accepter l’évidence que ce qui arrive aux universitaires camerounais aujourd’hui est en quelque sorte le produit de leur propre volonté auto entretenue. Et il en sera ainsi tant que ceux-ci n’opérerons pas une véritable révolution mentale pour revenir aux sentiments nobles de l’universitaire avec tout ce qu’il a de dignité, de respect, d’éthique, de moralité et de responsabilité.
C’est ici que nous voulons évoquer la victimisation et la culpabilité chez ce corps d’élite du Cameroun. Car c’est à ces deux sentiments que les trois facteurs précédemment décrits ont fini par les conduire sur le plan comportemental. Les universitaires camerounais se sentent en effet victimes et coupables à la fois.
Victimes, car convaincus qu’ils sont l’objet d’un complot de la part d’un système qui les méprise et les rejette. Alors question : à qui la faute ?
Coupables car, à notre avis, étant bien conscient de leur indispensabilité pour le pays, ils sont en doute vis-à-vis d’eux-mêmes par rapport à leur incapacité à gérer le petit espace vital qui leur a été concédé par le pouvoir camerounais à savoir le ministère de l’Enseignement supérieur et ses annexes que sont les universités et les grandes écoles.
En effet, à la faveur de la réforme universitaire de 1993, il a bien plu au chef de l’Etat de confier la gestion de ce stratégique département ministériel aux universitaires eux-mêmes. Mais depuis cette date, alors qu’on attendait un certain rehaussement de l’université et de son corps d’élite, c’est plutôt l’inverse qui s’est produit jusqu’à ce jour. Non seulement les universités sont au plus mal, mais les universitaires continuent de voir leurs conditions de vie et de travail se détériorer dangereusement alors que les budgets consentis à cet effet augmentent d’année en année. Comment donc expliquer cette douloureuse contradiction ? Gestion académique, financière, matérielle et humaine calamiteuses, vision complètement obscurcie, véritables roitelets à la tête de petits ‘‘empires’’, les universitaires responsables des structures universitaires sont devenus plus que des bourreaux pour leur propre espace d’épanouissement au nom d’hypothétiques ambitions qui, lorsqu’elles ne sont pas bassement politiques, se réduisent le plus souvent au ventre ! Ce constat peut faire l’objet ici d’un vaste développement que nous préférons épargner au lecteur. Peut-être à d’autres occasions y reviendrons nous.
De même pour ceux qui sont à des postes dans les structures décisionnelles importantes tels que la Présidence de la République, le Premier ministère ou même le ministère de l’Enseignement Supérieur, l’ambition personnelle a fini par occulter les intérêts collectifs du corps, oubliant que ces positions ne durent qu’un temps. Car un véritable universitaire reste malgré tout attaché à son université. Plusieurs parmi ceux qui ont jadis occupé ces positions s’en rendent souvent compte après leur déchéance, lorsqu’on les rencontre en train de raser les murs des Facultés, tout honteux de vouloir s’offrir encore quelques heures de cours.
Comme conséquences de ces attitudes malsaines, les universitaires camerounais sont aujourd’hui regardés avec dédain par l’opinion et le doute quant à leurs capacités opérationnelles s’est définitivement installé. D’où le mépris et l’enfermement dans un cercle vicieux qu’il est plus qu’urgent de rompre. Comment ? Nous offrons ici cinq pistes qui pourraient nourrir la réflexion.
1. Que les universitaires prennent conscience de l’importance de leur stature sur la scène décisionnelle nationale et internationale (exit le Pr. Maurice Kamto dans le dossier de Bakassi). Car il est de renommé que pour un pays, lorsque l’université et les universitaires vont mal, tout le pays va mal. C’est le cas actuel du Cameroun. Aussi est-il temps pour ceux qui décident de comprendre qu’il va être de plus en plus difficile de continuer à chercher les solutions aux problèmes du Cameroun sans s’attacher de l’expertise des universitaires. De ces derniers et leur devenir dépend la réussite des défis à venir, n’en déplaise à ceux qui stigmatisent et qui pensent le contraire. Car de plus en plus dans notre pays, nous assistons à l’échec des projets de développement importants tout simplement parce que les responsables en charge, les ministres, feignent d’ignorer l’expertise des universitaires soit par orgueil, soit du fait de leur médiocre entourage hostile à toute ouverture aux universitaires par instinct de conservation. En agissant de la sorte, messieurs les décideurs, vous creusez vous-même la fosse de vos futurs échecs. Car c’est à cela en fait qu’a été créée l’université ;
2. Que les universitaires, les vrais, cherchent autant que se peut à garder et à préserver cette indépendance d’esprit qui est leur véritablement fondement. Une méfiance particulière doit être portée à toute tentative de récupération politique ou intellectuelle visant à rehausser les centres décisionnels hors de leur champ de contrôle ;
3. Que les universitaires bannissent en leur sein tout complexe d’infériorité, quelque soit les conditions dans lesquelles ils évoluent aujourd’hui. Car un jour, le soleil finira par se lever. La différence finira par se faire au moyen de leur acharnement au travail à travers leurs découvertes et publications scientifiques ;
4. Enfin, il serait urgent de repenser la représentativité des universitaires et leurs moyens de lutte dissous dans des considérations tribalistes et régionalistes stériles.
Ce dont nous sommes certains est que le Cameroun se fera avec les universitaires ou ne se fera pas.
Historien de l’économie
http://www.lejourquotidien.info/index.php?option=com_content&task=view&id=1252&Itemid=60
Universités d'Etat : Grève à deux vitesses à Yaoundé I et Douala
Le mouvement lancé par le Syndicat national des enseignants du supérieur a été partiellement respecté hier.
Monique Ngo Mayag et Patricia Ngo Ngouem "Il y a comme un air de grève dans l'air". Cette phrase a été prononcée hier lundi 10 novembre par un étudiant de l'université de Yaoundé I. Ce dernier, apparemment pas au courant du mot d'ordre de grève lancé le 3 novembre dernier par le Syndicat national des enseignants du supérieur (Synes), manifestait ainsi son incompréhension devant l'absence des enseignants. Avant de marquer son étonnement lorsqu'un de ses camarades de troisième année informatique lui apprend la nouvelle qui courait pourtant dans les milieux universitaires depuis le 31 octobre dernier. "Nous avions trois cours prévus ce jour [hier lundi] Malheureusement, aucun enseignant ne s'est présenté", affirme Jean Nganombel. Même son de cloche en troisième année physiques et en première année psychologie.
De même qu'à l'amphithéâtre 500 et 501 où les cours de Géographie et de Mathématiques initialement programmés dans la matinée n'ont pas eu lieu. Une situation qui ne semblait pas s'être améliorée dans l'après-midi, malgré le passage dans la matinée du ministre de l'Enseignement supérieur Jacques Fame Ndongo, venu s'enquérir de la situation après l'échec des négociations avec le Synes au sortir de la réunion de mercredi dernier. Bien que présent sur le campus, Guy Mbakop, enseignant de Mathématiques n'a pas mis les pieds dans une salle de cours. M. Mambou n'a pas non plus dispensé son traditionnel cours d'histoire. Il semble d'ailleurs irrité lorsqu'il répond à une de ses étudiantes venue s'enquérir des raisons de son absence : "Je vous ai avisé qu'on ne se verra pas durant toute cette semaine et peut-être au-delà".
Impacts
Comme lui, plusieurs enseignants des deux universités se sont pliés aux prescriptions du Bureau exécutif national (Ben) du Synes invitant les enseignants des universités d'Etat, à observer scrupuleusement le programme d'action qui prévoit "une grève d'avertissement du lundi 10 au samedi 15 novembre 2008". Cette missive, signée du secrétaire général Innocent Futcha, serait l'aboutissement "des démarches entreprises depuis 1999 pour sensibiliser le gouvernement sur la grave détérioration des conditions de vie et de travail des enseignants d'universités". Le mot d'ordre du Synes est par ailleurs affiché sur les murs de tous les départements de l'université de Douala (Ud). "L'enseignant est clochardisé. L'assistant de cours au Sénégal, par exemple, a le triple du salaire d'un chargé de cours au Cameroun. Pourtant, les deux pays ont presque le même niveau de développement", soutient M. Taguem, enseignant d'histoire à l'université de Ngaoundéré, de passage dans la capitale économique. Même si un regain de solidarité s'exprime au sein du corps éducatif, on constate cependant des disparités.
Dans certaines salles et amphis, les cours se sont déroulés normalement. "Nous avons eu tous nos cours depuis le matin", affirme Francis Jah, étudiant en première année Lettres modernes bilingues à Yaoundé I. "Le vice recteur Nicole Claire Ndoko et Dr Akono ont tous les deux dispensés leur cour respectif ce matin", témoigne un étudiant de droit à Douala. Idem à la faculté de Médecine, qui semble ne pas être concernée par l'arrêt de cours. "Tout est normal ici. C'est vous qui nous informez qu'il y a une grève en cours", confie un étudiant. Au Synes cependant, on se dit satisfait de cette première journée.
"Il est évident que la grève ne peut pas être suivie à 100%", déclare le Pr Ngameni, secrétaire national à l'organisation au Synes et par ailleurs chef de département de chimie inorganique à Yaoundé I, comme pour relativiser cette double tendance. Si le doyen de la faculté des Lettres et sciences humaines de Douala n'a pas rallié les rangs des protestataires, il reconnaît cependant que les préoccupations du Synes émanent des problèmes réels. "Mais les négociations entre les délégués des enseignants et le ministère des Finances sont en cours. La situation promet de se décanter..", soutient Nicodème Bikoï. La solution viendrait-elle de la réunion entre le Minesup et les recteurs des universités prévue ce mardi 11 novembre à l'Ecole normale supérieure de Yaoundé.
Monique Ngo Mayag et Patricia Ngo Ngouem
http://www.quotidienmutations.info/mutations/nov08/1226386534.php
Monique Ngo Mayag et Patricia Ngo Ngouem "Il y a comme un air de grève dans l'air". Cette phrase a été prononcée hier lundi 10 novembre par un étudiant de l'université de Yaoundé I. Ce dernier, apparemment pas au courant du mot d'ordre de grève lancé le 3 novembre dernier par le Syndicat national des enseignants du supérieur (Synes), manifestait ainsi son incompréhension devant l'absence des enseignants. Avant de marquer son étonnement lorsqu'un de ses camarades de troisième année informatique lui apprend la nouvelle qui courait pourtant dans les milieux universitaires depuis le 31 octobre dernier. "Nous avions trois cours prévus ce jour [hier lundi] Malheureusement, aucun enseignant ne s'est présenté", affirme Jean Nganombel. Même son de cloche en troisième année physiques et en première année psychologie.
De même qu'à l'amphithéâtre 500 et 501 où les cours de Géographie et de Mathématiques initialement programmés dans la matinée n'ont pas eu lieu. Une situation qui ne semblait pas s'être améliorée dans l'après-midi, malgré le passage dans la matinée du ministre de l'Enseignement supérieur Jacques Fame Ndongo, venu s'enquérir de la situation après l'échec des négociations avec le Synes au sortir de la réunion de mercredi dernier. Bien que présent sur le campus, Guy Mbakop, enseignant de Mathématiques n'a pas mis les pieds dans une salle de cours. M. Mambou n'a pas non plus dispensé son traditionnel cours d'histoire. Il semble d'ailleurs irrité lorsqu'il répond à une de ses étudiantes venue s'enquérir des raisons de son absence : "Je vous ai avisé qu'on ne se verra pas durant toute cette semaine et peut-être au-delà".
Impacts
Comme lui, plusieurs enseignants des deux universités se sont pliés aux prescriptions du Bureau exécutif national (Ben) du Synes invitant les enseignants des universités d'Etat, à observer scrupuleusement le programme d'action qui prévoit "une grève d'avertissement du lundi 10 au samedi 15 novembre 2008". Cette missive, signée du secrétaire général Innocent Futcha, serait l'aboutissement "des démarches entreprises depuis 1999 pour sensibiliser le gouvernement sur la grave détérioration des conditions de vie et de travail des enseignants d'universités". Le mot d'ordre du Synes est par ailleurs affiché sur les murs de tous les départements de l'université de Douala (Ud). "L'enseignant est clochardisé. L'assistant de cours au Sénégal, par exemple, a le triple du salaire d'un chargé de cours au Cameroun. Pourtant, les deux pays ont presque le même niveau de développement", soutient M. Taguem, enseignant d'histoire à l'université de Ngaoundéré, de passage dans la capitale économique. Même si un regain de solidarité s'exprime au sein du corps éducatif, on constate cependant des disparités.
Dans certaines salles et amphis, les cours se sont déroulés normalement. "Nous avons eu tous nos cours depuis le matin", affirme Francis Jah, étudiant en première année Lettres modernes bilingues à Yaoundé I. "Le vice recteur Nicole Claire Ndoko et Dr Akono ont tous les deux dispensés leur cour respectif ce matin", témoigne un étudiant de droit à Douala. Idem à la faculté de Médecine, qui semble ne pas être concernée par l'arrêt de cours. "Tout est normal ici. C'est vous qui nous informez qu'il y a une grève en cours", confie un étudiant. Au Synes cependant, on se dit satisfait de cette première journée.
"Il est évident que la grève ne peut pas être suivie à 100%", déclare le Pr Ngameni, secrétaire national à l'organisation au Synes et par ailleurs chef de département de chimie inorganique à Yaoundé I, comme pour relativiser cette double tendance. Si le doyen de la faculté des Lettres et sciences humaines de Douala n'a pas rallié les rangs des protestataires, il reconnaît cependant que les préoccupations du Synes émanent des problèmes réels. "Mais les négociations entre les délégués des enseignants et le ministère des Finances sont en cours. La situation promet de se décanter..", soutient Nicodème Bikoï. La solution viendrait-elle de la réunion entre le Minesup et les recteurs des universités prévue ce mardi 11 novembre à l'Ecole normale supérieure de Yaoundé.
Monique Ngo Mayag et Patricia Ngo Ngouem
http://www.quotidienmutations.info/mutations/nov08/1226386534.php
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