Série : Clôture ce jour notre série sur les espaces et centres culturels tenus par des Camerounais.

8 - La Maison des savoirs d’Etoudi, Yaoundé : Un quartier Latin au cœur d’un quartier populaire
Ce centre culturel offre un espace de divertissement et d’étude aux enfants du quartier Etoudi et ses environs.

Le lieu dit « Dépôt de sable » sis au quartier Etoudi, à Yaoundé, aux confluents d’un habitat spontané des quartiers Tongolo et Manguiers, n’est pas réputé être des plus huppés.
Quartier populaire, Etoudi a accueilli, de longues années durant, ce que Yaoundé côté ouest abrite aujourd’hui comme fruit de l’exode rural des années 80. Les allogènes et déplacés des autres quartiers de la capitale se sont mêlés aux ressortissants Etoudi. Si bien qu’aujourd’hui, le quartier est majoritairement habité de populations Eton venues de la Lékié voisine du Mfoundi, de l’Ouest-Cameroun, mais aussi, de plus en plus, de Nigérians, qui ont fait fortune dans le commerce des pièces détachées d’automobile. C’est dire si l’activité commerciale est ici prépondérante. Marché de vivres, bars et débits de boissons ont ainsi investi les alentours de la gare routière environnante, ou encore du dépôt de sable convoyé par camions entiers et revendu en ce lieu où la caserne des sapeurs-pompiers semble faire office de décor.
Et pourtant, cet endroit abrite l’un des lieux de culture qui font tant défaut à la capitale camerounaise. C’est sur l’initiative de Marie Rose Mouchirou, une Camerounaise basée à Paris, que La Maison des savoirs est née. Pour pallier à un problème que la promotrice a identifié dans le quartier, celle-ci a créé un cadre d’épanouissement sain pour ces enfants défavorisés d’un quartier difficile.
La Maison des savoirs est un complexe culturel doté d’une bibliothèque, d’une vidéothèque, d’un centre multimédia et d’un espace ludique ouvert. Logé dans l’enceinte d’une villa bâtie sur 250 mètres carrés pour une superficie totale de 400 m2, la bibliothèque, qui compte plus de 3500 ouvrages, comprend deux salles de lecture, l’une pour enfants ; l’autre pour jeunes. Scolarisés ou non, tous les jeunes ont accès à la bibliothèque après s’être acquittés d’une inscription de 1500 Fcfa l’an. Rencontrés au sein de la bibliothèque le week-end dernier, des étudiants s’estiment satisfaits de la proximité de ce lieu de culture qui les aide à consulter des ouvrages qui ne sont parfois pas disponibles dans les bibliothèques de leurs universités respectives. De même, d’autres jeunes apprécient la diffusion régulière des films didactiques. Des parents ne tarissent pas d’éloge pour l’initiative, qui aide à encadrer les enfants en dehors des classes. Les enfants de moins de 7 ans disposent en effet d’un préau comprenant des toboggans, des balançoires et des tourniquets qui sont particulièrement courus.
La Maison des savoirs a enregistré l’inscription de plus de 2000 membres. Ce qui commence à poser des problèmes de promiscuité. Heureusement, les animateurs redoublent d’ingéniosité pour maintenir les débordements inévitables inhérents à son exploitation, notamment le vol des ouvrages et d’autres actes de vandalisme. Elle est ouverte du mardi au dimanche, entre 9h et 17h, avec des pics de fréquentation les mercredis et samedis.

Jacques Bessala Manga