mercredi 24 mars 2010

Université de Yaoundé I : Compromis sur l’ouvrage de Léonard Sah accusé de plagiat



L’enseignant accepte de céder 20% de ses droits à l’étudiant qui le poursuivait. J’ai par la présente l’honneur de vous faire savoir que je cède 20% de mes droits sur mon livre «Femmes bamiléké au maquis, Cameroun 1955-1971 » à Monsieur Kuikoua Francis, co-auteur. Je reconnais m’être largement inspiré autant que de nombreuses autres sources historiques,
du mémoire de maîtrise de Monsieur Kuikoua Francis intitulé "Femme au maquis en région bamiléké 1955-1971" pour la réalisation de l’ouvrage dont le titre est mentionné ci-dessus». Extrait d’une correspondance du Pr Léonard Sah, adressée le 12 mars 2010 au directeur de l’Harmattan au Cameroun. L’instruction qu’il donne à son éditeur dans la conclusion de la même correspondance est sans équivoque : « En conséquence, je demande à l’éditeur que vous êtes de m’associer Monsieur Kuikoua Francis comme co-auteur. Donc, au lieu de Sah Léonard, lire Sah Léonard et Kuikoua Francis ».
Cette correspondance du Pr Léonard Sah marque le dénouement d’une affaire qui a défrayé la chronique à l’université de Yaoundé I (Voir Le Jour …). Francis Kuikoua accusait alors son enseignant d’avoir reproduit son mémoire de recherche dans un ouvrage publié chez l’Harmattan. Un ouvrage intitulé « Femmes bamiléké au maquis, Cameroun (1955-1971) » édité en octobre 2008 par l’Harmattan, avec la préface de Jean-Louis Dongmo. Quant au thème du mémoire présenté par Francis Kuikoua en vue de l’obtention du diplôme de maîtrise en Histoire, année académique 2003-2004, il est intitulé « Femme au « Maquis » en région Bamiléké : 1955-1971 ». Ce mémoire a été soutenu le vendredi 8 juillet 2005 à l’université de Yaoundé I, devant un jury présidé par Léonard Sah.

Francis Kuikoua, enseignant d’histoire dans un lycée non loin de Mbalmayo, accusait donc de plagiat le président du jury de sa soutenance. Il s’appuyait alors sur les éléments suivants : le thème choisi, les sources consultées et leur utilisation, l’absence de son travail dans la bibliographie de l’ouvrage, les tableaux utilisés sans la mention de l’auteur, des pages entières recopiées sans guillemets et notes de bas de page. Saisi pour cette affaire, le ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo, avait mis sur pied une commission d’enquête le 20 juillet 2009. L’audition de Francis Kuikoua devant ladite commission a eu lieu le 6 octobre 2009.

« J’ai décidé d’aller vers les instances académiques parce que les situations de plagiat y sont connues. Si je me suis rapproché des autorités académiques, c’est parce que j’ai confiance en elles et je crois que ce sont des personnes intègres qui vont faire leur travail, bien que ce soit leur collègue. J’ai confiance au ministre de l’Enseignement supérieur et je crois qu’il va faire un bon travail, c’est un homme intègre, j’attends. Et je me réserve le droit de poursuivre l’Harmattan qui a publié l’ouvrage. Quand je me suis rendu à l’Harmattan Cameroun, ils m’ont dit qu’ils allaient faire toute la lumière. J’attends toujours», confiait Francis Kuikoua dans une interview accordée au Jour.

M. Kuikoua demandait que l’ouvrage de M. Sah cesse d’être commercialisé et souhaitait que tous les avantages qu’il a pu en obtenir soient remis en cause. Cet arrangement résulte d’une médiation du ministre de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo et du Pr Ghomsi, deux universitaires à qui Francis Kuikoua adresse ses remerciements.

Écrit par Claude Tadjon

http://www.quotidienlejour.com/divers-du-jour-/actualites-/1648-universite-de-yaounde-i-compromis-sur-louvrage-de-leonard-sah-accuse-de-plagiat

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