Contre vents et marées depuis deux ans, la Sca fait son chemin, déterminée à apporter sa pierre à l'édification du pays.
C'est pour "développer la solidarité et la camaraderie entre les membres; contribuer à la formation des candidats aux concours d'agrégation et surtout sauvegarder l'éthique et l'excellence parmi les membres" qu'a été mis sur pied la Société camerounaise des agrégés (Sca). Une société savante qui a vu le jour en 2008 après l'assemblée constitutive de décembre 2007 à Yaoundé. Une société qui malgré quelques activités d'envergure a du mal à faire son lit dans un environnement où le savoir n'est pas toujours la chose la mieux partagée. Même parmi l'élite qui ne voit souvent que d'un oeil interrogateur une organisation comme la Sca.
Ce qui n'est pas pour freiner les ardeurs de cette société qui semble déterminée à faire son chemin malgré les écueils. Pour son président général Bruno Bekolo Ebe, "au-delà de nos objectifs, notre ambition est de promouvoir et de consolider l'excellence universitaire; d'une part en poussant les jeunes collègues au plus haut niveau de l'exigence de la performance scientifique et universitaire; d'autre part en amenant chaque membre à une exigence de production scientifique et intellectuelle lui permettant de rayonner toujours aussi bien au sein de l'université que dans la société entière".
C'est sans doute fort de cette ambition que le Sca a organisé, en partenariat avec l'Université de Douala, en janvier 2009 un colloque sur "La crise financière internationale et l'Afrique". Rencontre qui avait vu l'une des instances de la société à savoir la Chambre Economie et gestion se mettre en avant pour analyser une conjoncture et proposer des solutions. Car "c'est cela aussi notre travail", assure le secrétaire perpétuel Elie Claude Ndam Ndjitoyap. Lui qui administre au quotidien la société et qui ne manque aucune occasion pour appeler ses pairs à plus de confiance et de travail au moyen de cette société qui "est celle de tous les agrégés car en devenant agrégé, on en devient automatiquement membre".
Compétition
Une société qui a vu le jour récemment parce que "nous nous sommes rendus compte du nombre élevé des agrégés du Cameroun qui comme vous le savez remportent toujours les suffrages importants au sortir des sessions du Cames", assure M. Ndam Ndjitoyap. Qui ajoute, comme pour convaincre de l'importance de la société, qu'il n'y en a pas dix mille en Afrique au sud du Sahara. Une société qui doit aussi trouver les solutions aux maux qui minent le pays et ainsi contribuer à son devenir. Bruno Bekolo Ebé n'en pense pas moins lorsqu'il dit que "la présence de chaque pays dans la compétition mondiale est tributaire de sa capacité à produire le savoir et la technologie, à la disséminer et à s'en servir pour permettre à l'ensemble du corps social, selon le mot de Malbranche, de se réaliser pleinement comme oeuvre de liberté en se donnant la capacité d'être maître de son destin".
Destin qui suppose la participation de tous, chacun avec son intelligence et le fruit de ses travaux. Car c'est frustrant, reconnaît Elie Claude Ndam, de voir que de nombreux collègues alléchés par des postes au sein de l'administration du pays ont depuis tourné le dos à la recheche, gage de progrès pour un pays qui en a pourtant besoin. Il est donc question pour la Sca "d'amener les collègues à profiter du caractère transversal de notre société pour se renseigner de la marche de la science dans les divers domaines qui ne sont pas les leurs. On ne peut plus fonctionner aujourd'hui dans le vaste domaine en faisant fi des autres spécialités. Et la société est là pour permettre à chacun de prêter à l'autre ce que sa discipline à lui ne permet pas."
Mais à tout collègue il ne se lasse pourtant pas de dire, prêtant le mot du sage Confucius, que "il faut que le disciple de la sagesse ait le coeur grand et courageux. Le fardeau est lourd et le voyage long". Comme pour dire que rien ne sera donné. Ce d'autant plus que l'on ne compte plus les difficultés qui émaillent le jeune parcours de cette société qui n'a jusqu'ici pas de locuax, encore moins de personnel entièrement pris en charge par elle. "ça viendra!", assure le secrétaire perpétuel qui, optimiste, fait même savoir que le plus important est de faire comprendre aux collègues la nécessité de se mettre au travail car l'agrégation ce n'est pas une fin en soi, mais le début d'une autre aventure. "On ne peut pas souffrir pour arriver à ce niveau du savoir pour s'en lasser après. On doit continuer dans la voie royale du savoir et produire pour aider notre environnement à se porter mieux". Surtout qu'il y a au bout le capital humain dont l'importance pour tout progrès est indéniable", ajoute M. Ndam Ndjitoyap.
Sagesse
C'est pourquoi la société veut se positionner comme "le partenaire de l'action" du gouvernement. Elle qui "a répondu présente à chaque fois qu'elle a été sollicitée" explique le secrétaire perpétuel. Elle qui voudrait tant faire mais qui bute encore sur son incapacité financière. Sans pour autant se décourager. Car si elle continue de tendre la perche aux collègues de la diaspora avec qui elle négocie pied à pied pour un retour espéré, même de manière épisodique, elle ne se prive pas de faire savoir aux nouveaux maîtres l'étendue de la tâche qui les attend.
A la cérémonie d'adoubement des nouveaux agrégés du 10 mars dernier à Yaoundé, Bruno Bekolo Ebé disait déjà aux nouveaux venus "sachez que les maîtres que vous êtes sont d'abord des serviteurs et le magistère que vous recevez est un sacerdoce exigeant. Etre maître c'est d'abord être un serviteur de la science. Et l'on ne sert la science que dans l'humilité et la conscience forte que l'on a de l'immensité de ce qu'on ne sait pas." Une façon de dire, comme Georges Walter Ngango en son temps, que "l'agrégation est le révélateur de l'immensité de notre ignorance". Un point de vue dont a besoin tout candidat à la porte de la Sca et dont la pertinence dans le monde du savoir n'est plus à faire connaître.
Parfait Tabapsi
Mutations
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mardi 23 mars 2010
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