mercredi 31 décembre 2008

Ako Edward Oben : Un retour dans les campus

Après cinq années passées à la présidence de la République, il est désigné pour porter l'université de Maroua sur les fonds baptismaux.
Difficile de parler du parcours de Ako Edward Oben dans le milieu universitaire au Cameroun sans parler de son passage à la direction du centre des œuvres universitaires (Dcou) de l'université de Yaoundé et de l'université de Yaoundé 1 où il a été tour à tour directeur adjoint puis directeur entre 1991 et 1997. Il aura en effet eu affaire à la plupart des étudiants de cette institution qui y venait soit pour l'acquisition d'une chambre à la cité universitaire, ou encore pour des activités sportives ou culturelles. Pourtant cet homme qui a fait ses classes d'étudiant au département d'anglais de l'ancienne Faculté des lettres et sciences humaines dans cette université avant de rejoindre la France et plus tard les Etats-Unis y a également laissé des marques d'enseignant d'anglais.

Rien de surprenant pour ce natif de la Manyu dans la province du Sud Ouest qui a rejoint le corps enseignant de l'université de Yaoundé en 1982 dans le même département où il a été formé. Une carrière d'enseignant qu'Ako Edward Oben mènera concomitamment avec celle de responsable administratif dans la même institution. Après la direction du Centre des œuvres universitaires, il est promu Vice recteur au sein de la même institution en 1997. Il est maintenu à son poste l'année d'après au moment où le nombre de Vice recteur passe à deux dans les universités d'Etat et sera spécifiquement chargé du domaine académique. Il quittera l'université de Yaoundé 1 en octobre 2003 pour rejoindre le secrétariat général de la présidence de la République où il est nommé Conseiller technique à la Division des affaires culturelles et sociales.

C'est donc un homme sans doute au fait des mécanismes de la création de celle qu'il appelle lui-même " Université de la 3ème génération " qui est appelé à conduire les premiers pas de cette institution. Une prise de fonction qui ne s'annonce sans doute pas aisée pour celui qui a longtemps été le collaborateur de nombreux recteurs et qui devra gérer sur le terrain, la mise en place de cette université. Le défi le plus important auquel il devra faire face est sans conteste celui du lancement des cours à l'Ecole normale supérieure (Ens) de Maroua prévu à la mi janvier. Il affirme en être conscient et pense qu'il s'agit d'un " challenge qui devra être gagné avec la collaboration de tous ". Ako Edward Oben indique notamment devoir compter " sur l'appui de l'Etat, de ses collaborateurs " et surtout " sur l'élite de la région pour relever ce défi ".
Une épreuve qui commencera le 15 janvier 2008, date annoncée pour la rentrée des plus de 7000 élèves de l'Ens de Maroua.

Jean Francis Belibi

http://www.quotidienmutations.info/mutations/nov08/1230705527.php

Haman Djallo : Une âme de bâtisseur

Le secrétaire général de l'université de Maroua a été coordonateur de la mise en place de l'Ens.
Il n'a pas attendu la cérémonie officielle d'installation pour prendre son bâton de pèlerin. Hier dès les premières heures de la matinée, Haman Djallo était sur le terrain en compagnie du Pr Saïbou Issa, promu directeur de l'Ecole normale supérieure de Maroua. " Je suis le coordonnateur du projet de mise en place de l'école normale supérieure de Maroua. C'est davantage à ce titre que nous sommes sur le terrain depuis juillet 2007, bien avant la signature du décret qui porte création de l'Université de Maroua. " Mais cet enseignant de la faculté des sciences de l'Université de Ngaoundéré ne cache pas son émotion à la suite des décrets signés la veille par le chef de l'Etat. " Je suis très heureux d'avoir été choisi parmi tant d'autres, tant d'enseignants d'université. Etre le premier secrétaire général de l'Université de Maroua est un honneur, ce d'autant que je suis natif d'ici. Vous comprenez donc, pourquoi la joie est un peu plus grande. "

Haman Djallo a d'ores et déjà le cœur à l'ouvrage. L'enjeu croit-il savoir est d'assurer une rentrée académique harmonieuse. " Le défi est grand. Surtout qu'il s'agit de démarrer une nouvelle institution universitaire. Comme toute chose qu'on lance, rien n'est en place, à commencer par les locaux. Pour ce qui est de l'administration, nous avons environs 100 bureaux disponibles repartis sur deux sites. En ce qui concerne le logement des responsables nommés et les enseignants, sur les 150 villas recherchées il y a déjà 90 villas réquisitionnées. Et pour les étudiants, 300 logements ont été répertoriées. Les recherches se poursuivent… "

Des dispositions qui de son point de vue peuvent permettre d'assurer une rentrée sans histoire le 15 janvier 2009 aux 7000 étudiants retenus pour constituer la 1ère vague de l'école normale supérieure de Maroua. Un chiffre qui fait frémir…mais qui ne lui fait visiblement pas peur. Lui qui a du gérer en compagnie des responsables de l'Université de Ngaoundéré, la hausse spectaculaire des effectifs en 2001. Ce, en sa qualité de directeur des infrastructures, de la planification et du développement. Une fonction qu'il a occupé de 1999 en 2006 ; lorsqu'il est appelé à piloter le projet de mise en place de l'Ens de Maroua. Cet enseignant qui a tour à tour fait ses classes à Rouen, notamment à l'école supérieure d'ingénieurs en Génie électrique, promotion 1988, puis à Paris VII est né vers 1963 à Salak (une quinzaine de kilomètres de la ville de Maroua). Haman Djallo est depuis 1999 chargé de cours et s'emploie à bâtir là où le devoir l'appelle.

Dieudonné Gaïbaï

Saïbou Issa : Ecrire l'histoire de l'Ens à Maroua


Maître de conférences, il est promu à la direction d'un établissement qui compte plus de 7000 étudiants à ses débuts.
Il s'apprêtait à prendre congé de la vile de Maroua lundi dernier au soir, au terme de sa participation aux rencontres interprofessionnelles du Festival national des arts et de la culture, lorsque le fameux décret a fait de lui le tout premier directeur de l'Ecole normale supérieure de Maroua. Même s'il n'y avait pas la tête, son nom était régulièrement évoqué pour tenir les rênes de cet établissement autour duquel beaucoup d'encre et de salive ont coulé ces dernières semaines. Pour celui qui est encore le chef du département d'histoire à l'Université de Ngaoundéré, "c'est un sentiment de distinction. Mais surtout, un sentiment de gratitude envers le Chef de l'Etat. Il faut maintenant prouver sur le terrain. Et je sais qu'il y a un énorme travail à faire."
Lui qui dit avoir déjà fait sa rentrée avec le Sg de l'Université hier matin, pense que les infrastructures visitées ce mardi peuvent permettre d'accueillir bien plus que l'école normale.. "Il y a un important travail de planification à faire. Il faut penser à doter l'école ainsi que l'Université en général d'une infrastructure académique, la bibliothèque en fait partie. Parce qu'elle participe aussi bien à l'épanouissement intellectuel des étudiants, mais aussi à leur formation académique. "

Pour cela, ce fils de Mindif qui naquit en 1970 semble avoir l'étoffe nécessaire. Lui qui est un auteur prolifique, avec une moyenne de dix publications par an. Parce que croit-il, " un enseignant qui ne s'améliore pas est un danger pour ses étudiants. " Il a ainsi commis de nombreuses publications ayant trait aux questions de paix et de sécurité en Afrique Centrale, le phénomène des coupeurs de route, l'histoire des peuples du septentrion, à la gouvernance partagée, la défense nationale et la coopération en matière sécuritaire… Son aura lui a d'ailleurs valu de conduire ces dernières semaines des expertises pour le compte des Nations Unies, de la CEEAC, et de diverses organisations humanitaires…
Des expertises qui permettent d'étoffer le Cv du chef de département d'histoire de l'université de Ngaoundéré. Lequel a réalisé de nombreuses communications au cours des colloques internationaux et des enseignements dans les universités étrangères.

Sobriété
Par ailleurs, le Pr Saïbou Issa a dirigé 79 mémoires de maîtrise, une cinquantaine de DEA, une thèse soutenue, six thèses dont les soutenances sont programmées courant 2009 et une vingtaine de thèses en cours au Cameroun et ailleurs…
Il a par ailleurs coordonné de nombreux projets académiques et de recherche dont les plus importants ont été, " le modèle camerounais de coexistence pacifique " et le Projet Fredskorpset entre les universités de Ngaoundéré, de Bamako et Tromso en Norvège. Membre fondateur de deux sociétés savantes (Peace by Peaceful Means et International water history association), il s'est employé à développer la recherche dans son département, à travers le Codesria pour lequel de nombreux étudiants de son département ont reçu des bourses.

Cette importante activité intellectuelle devrait être sanctionnée par des ouvrages sous presse sur le banditisme de grand chemin dans le bassin du Lac Tchad et la géopolitique des abords sud du lac Tchad. Saïbou Issa qui obtint son Ph D à l'Université de Yaoundé entend capitaliser cette expérience pour la mettre au service de l'école normale de Maroua qu'il est appelé à gérer. Maître de conférences depuis 2006, il a déjà des idées plein la tête, même s'il reste prudent. " Je ne voudrais pas m'aventurer dans des déclarations habituelles en pareille circonstance. Je peux quand même vous dire que depuis ma nomination, mon calepin, mon ordinateur et mon téléphone sont au travail. Il faut consulter, écouter, rester sobre, clairvoyant et disponible. "

Dieudonné Gaïbaï

http://www.quotidienmutations.info/mutations/nov08/1230706047.php

Université de Maroua : La rentrée de l'Ens le 15 janvier

Le ministre de l'Enseignement supérieur a indiqué hier la date du début des cours dans le nouvel établissement universitaire.
Une note d'information du ministre de l'Enseignement supérieur publiée hier mardi 30 décembre à Yaoundé a annoncé à la communauté universitaire que la rentrée à l'Ecole normale supérieure de Maroua aura lieu le 15 janvier prochain. Selon la note de Jacques Fame Ndongo, cette programmation vient à la suite de la nomination lundi du président du conseil d'administration de l'université de Maroua ainsi que du directeur de l'Ens de cet établissement universitaire en gestation depuis onze ans.

Le ministre de l'Enseignement supérieur a également révélé qu'il a déjà validé les programmes académiques qui seront mis en œuvre. En outre, 105 assistants et 50 attachés d'enseignement seront mis en service à Maroua. Ils seront sélectionnés à la faveur du programme de recrutement dans les universités d'Etat de 1000 enseignants étalé sur trois ans et décidé en mai 2007 par le président de la République.
A ceux qui s'inquiétaient de la qualité et du nombre des encadreurs académiques, le ministre de l'Enseignement supérieur a aussi dit que les 155 recrutements à effectuer par le recteur seront rejoints par les enseignants nommés aux divers postes de responsabilité. Ces derniers contribueront à arrimer le " ratio enseignants/enseignés aux normes internationales (1 enseignant pour 35 étudiants ", pense Jacques Fame Ndongo. " Soit 200 enseignants pour les 7152 étudiants " de l'Ens de Maroua.

Au chapitre des infrastructures, le ministre de l'Enseignement supérieur est tout aussi rassurant. " Grâce aux locaux aimablement cédés par [divers ministères et établissements publics] et au regard des bâtiments loués, la capacité d'accueil est, à ce jour, de 7700 places ", souligne M. Fame Ndongo. Ce qui revient à dire qu'il y a suffisamment de places pour les 7152 étudiants de l'Ens en attendant les autres établissements de l'université de Maroua. Quid des logements estudiantins ?
Le ministre n'en dit rien. Tout juste peut-il ajouter que " les locaux devant abriter le centre médico-social, la bibliothèque, le centre informatique, etc., sont déjà identifiés.

" Et que, " parallèlement, les constructions classiques ont démarré en octobre 2008 sur le site mis à la disposition de l'université de Maroua par les populations locales. " La suite des constructions devra cependant demander beaucoup d'argent. Un financement pour lequel l'Etat va " incessamment " débloquer 890 millions de Fcfa en attendant les 5,7 milliards de Fcfa du budget de l'année 2009.
Le recteur Edward Ako Oben que le ministre de l'Enseignement supérieur recevra le mercredi 31 décembre " pour une séance de concertation élargie aux principaux responsables du ministère " devra se " mettre au travail, toutes affaires cessantes avec MM. le Pca, le Sg de l'université et le directeur de l'Ens, afin d'assurer une rentrée méthodique et apaisée ", a encore indiqué Jacques Fame Ndongo.

Jean Baptiste Ketchateng

http://www.quotidienmutations.info/mutations/nov08/1230707811.php

mardi 30 décembre 2008

Biya limoge Njeuma et Kontchou

Un nouveau recteur à Yaoundé I, un nouveau président du conseil d’administration à Douala, les postes essentiels de l’Université de Maroua pourvus.

Fini le suspense ! L’Université de Maroua a enfin ses principaux responsables. Ils ont été nommés par des décrets du chef de l’Etat lus au journal de la Crtv-poste national hier, lundi 29 décembre. Parmi ces décrets, deux remplacent le président du conseil d’administration de l’Université de Douala et le recteur de l’Université de Yaoundé I. Des postes qui étaient respectivement occupés par deux dinosaures du Renouveau : Augustin Kontchou Kouomegni et Dorothy Njeuma. Les textes lus sont restés muets sur ce qu’ils deviendront.
Recteur de l’Université de Yaoundé I depuis le 10 septembre 2005, Dorothy Njeuma (née le 26 juin 1943 à Buea) qui a œuvré à la déstabilisation de l’Association de défense des droits des étudiants camerounais (Addec) au campus de Ngoa Ekellé, a toujours été présentée comme l’une des personnes indéboulonnables du système universitaire camerounais. Dame de fer, elle a fait mater plusieurs grèves d’étudiants à l’Université de Buea dont elle a été le premier Vice Chancellor (recteur), dès sa création en 1993. Professeur de biologie et de zoologie ayant occupé les fonctions de vice-ministre de l’Education nationale (gouvernement du 30 juin 1975 et du 4 février 1984) et de ministre délégué à l’Education nationale (gouvernement du 13 avril 1983 et du 18 juin 1983), elle est viré au moment où elle rentre d’une tournée au Mali, pour le compte du Nepad.

Le bon joueur et l’équipe
Augustin Kontchou Kouomegni (né en 1945 à Nkongsamba), quant à lui, a été nommé président du conseil d’administration de l’Université de Douala le 2 septembre 2005. Après un long passage à vide à sa sortie du gouvernement le 27 avril 2001. Ministre de l’Information et de la culture (gouvernement du 7 décembre 1990 et du 26 avril 1991), ministre de la Communication (gouvernement du 9 avril 1992), ministre d’Etat chargé de la communication (gouvernement du 27 novembre 1992, du 19 septembre 1996) et ministre d’Etat chargé des Relations extérieures (gouvernement du 7 décembre 1997), l’on avait cru que l’arrivée de cet agrégé de science politique à la tête du conseil d’administration de l’Université de Douala sonnait son retour dans l’establishment, pour un autre long bail.
D’aucuns disent que son limogeage est une preuve que le chef de l’Etat a choisi de donner raison au recteur Bruno Bekolo Ebe, dans les multiples conflits qui ont opposé les deux hommes concernant surtout la gestion des revendications estudiantines, l’ordonnancement du budget de l’institution, les crises entre le recteur et certains enseignants… Toutefois, Paul Biya étant imprévisible, nul ne saurait dire si c’est la fin pour “ zéro mort ”. Tout comme, l’on ne saurait pas s’aventurer sur l’avenir politique de Dorothy Njeuma

Revendications identitaires
Les nominations d’hier semblent confirmer la mise en route effective de l’Université de Maroua cette année. Elles mettent un point final aux batailles pour l’occupation des postes essentiels à l’Université de Maroua, relayées par Le Messager (n° 2711 du lundi 6 octobre 2008). Dans l’édition sus citée, le quotidien à l’écoute du peuple signalait que Saïbou Issa, nommé directeur de l’Ecole normale supérieure de Maroua, était en pôle position dans ces batailles.
Au-delà, l’on remarque une sorte de triomphe des revendications régionales. En scrutant l’origine régionale des personnes nommées, l’on constate que celles du Littoral et du nord, très actives ces derniers temps dans les revendications identitaires, ont la part belle. L’élite des régions du septentrion voulait, pour l’Université de Maroua, des dirigeants originaires de leurs régions. Leur vœu a été exaucée à 90% car, il n’y a que le recteur de l’Université de Maroua qui n’est pas du septentrion. Néanmoins, c’est un originaire du septentrion qui remplace Dorothy Njeuma à la tête de l’Université de Yaoundé I. A l’Université de Douala, c’est un originaire de la région du Littoral, Théophile Ngando Mpondo, qui est nommé à la place d’un originaire de la région de l’Ouest. Si une personnalité de la zone anglophone limogée a été remplacée par une autre – nommé à Maroua –, celle de l’Ouest virée dans le Littoral n’a pas été remplacée. Mais tout à l’honneur du septentrion dont quatre fils sur les six nommés ont été promus.
Le contenu de ce décret peut se lire comme un indicateur qui confirme que personne n’est intouchable dans le système universitaire, que l’Université de Maroua va effectivement démarrer cette année et que l’heure est à la satisfaction des revendications identitaires. Une manière pour Biya de rendre justice ?

Nomination dans les Universités d’Etat

Université de Douala
Pca : Ngando Mpondo Théophile
Université de Yaoundé I
Recteur : Oumarou Bouba
Université de Maroua
Pca : Youssoufa Daouda
Recteur : Ako Edward Oben
Secrétaire général : Haman Njallo, Chargé de cours
Ens Maroua
Directeur : Saïbou Issa, Maître de Conférence à l’Université de Ngaoundéré

Conseil d’administration de Camair co

Pca : Yang Philémon
Membres :
Représentant du Mintrans : Mindouka Paul Alain
Représentant du Minfi : Nguenang Joseph Désiré
Représentant du Mintour : Mme Ngomo Angeline Florence


Par Honoré FOIMOUKOM

http://www.lemessager.net/details_articles.php?code=110&code_art=26030